J'aime bien parler en connaissance de cause et pour cela, je suis le genre de chroniqueur, quand il est contacté en direct, à demander une bibliographie, les textes et tout le toutim sur un groupe ! Cela me vaut assez souvent des remarques des groupes du genre "Putain, c'est bien le premier à me demander ça mec !" et rarement des "Tu fais chier !".
J'ai donc eu le même traitement avec nos frenchies du jour, qui ont bien voulu me faire ce petit plaisir !
Alors, tâchons de voir si on est sur la même longueur d'onde :

"SULFATOR est un groupe de Thrash/Heavy Metal fondé en 2015 par Romain « Murdok » (chant/guitare), Pierre-Axel « Grogor » (guitare/chant), Tanguy « Vicelord » (basse) et Quentin « La moutarde » (batterie). Après avoir peaufiné son EP "Feed Te Demon" pendant 4 mois en auto-production (enregistrement, mixage, mastering), le groupe décide de se dévoiler au grand public et à la scène avec plusieurs concerts de prévus pour assurer la promotion"…

Vendu de la sorte, moi je suis déjà client pour me faire une petite dégustation à base de gros morceaux de Metal hexagonale.

Un agréable envoi support physique plus tard et un paquet d'écoutes durant tout l'été, il est temps de ménager le suspense un poil !

Très influencé par l’univers des comics, livres satiriques, mais également livres de science-fiction : ce joyeux mélange se retrouve dans nos textes, nos photos. Chaque membre du groupe incarne un personnage : l’avocat véreux, le révolutionnaire, le flic corrompu et le scientifique fou.

Forcément, là encore j'adhère ! Ce type de volonté est entre le "on se donne les moyens de nos ambitions" et le "on délire, on ne se prend pas (trop) au sérieux" !
Toujours aussi respectueux vis à vis des mecs qui se donnent les moyens en mode "freelance", option "démerde toi", il faut bien reconnaître que SULFATOR, en peu de temps, se donne les moyens de balancer quelque chose qui tient la route, avec des ressources sommes toutes limitées, on l'imagine dans ce cadre là.
Les textes tournent autour de la SF, du fanatisme religieux, la folie, la vie, la mort… Bref, tout ce qui nous branche habituellement !

"L’univers de SULFATOR se définit comme un savant mélange d’énergie, de rage et de folie à travers des rythmiques rapides et tranchantes, une basse mélodique, des soli de guitare bien dosés, et un chant nerveux. Axé principalement sur puissance et mélodie, le groupe puise ses influences sur les grands noms du Thrash (MEGADETH, PANTERA, TESTAMENT, ANNIHILATOR)".

Je vais de suite commencer par ce qui me chiffonne le plus ici : l'accent anglais (parfois) et le mix final des voix, notamment sur "Otherside" sacrément dévalorisée par une production presque calamiteuse des chants décalés et pas harmonisés… Quel dommage pour ce morceau au potentiel non négligeable...
Je ne vais pas m'attarder davantage, la chose est balancée et c'est bien le mal lié à l'autoproduction ici qui résonne, bien loin de la faute de goût ou du talent… C'est maigre comme remarque mais assez conséquent tout de même pour amputer notre note finale, mais cela, on y reviendra plus bas !

Pour le reste ? Une jolie branlée de Thrash frais et vivifiant. Le groupe cite pas mal de combos cultes (risqué ?) mais moi je pense surtout à deux d'entre eux : MEGADETH et ANTHRAX comme influences MAJEURES.

Comment ne pas voir l'hommage à "Hangar 18" ou "Holy Wars…The Punishment Due" voire carrément tout l'éblouissant et définitif "Rust In Peace" sur le solo final de "F.U.T.U.R.E" ? Le chant de "Demon" avec la voix d'un Mustaine démoniaque au moment du pont ?
Comment ne pas penser à la bande de Belladonna sur un "Hail The War" et "Demons" ?

SULFATOR se donne les moyens de ses ambitions en proposant un E.P dense et efficace : les titres sont chiadés, les riffs intéressants car variés et nombreux mais ce sont surtout les soli qui font plaisir à entendre. A ce niveau, on ne peut pas dire que nos deux gratteux soient des manchots ! Ils sont efficaces et techniques, en nous malmenant à souhait leurs six cordes !
Ils retrouvent toujours des leads qui me font penser à du MEGADETH période "Peace Sells…"/"Rust In Peace" ("Demons", "F.U.T.U.R.E").
Techniquement, on mesure le niveau : capacité de jeu plaisante et pas prise de tête. C'est d'ailleurs là que le groupe remporte son pari, en nous assénant 4 titres complets (entre 4 et 7 minutes chacun) et rigoureux mais qui transpirent bon le fun, la volonté de bien faire et le plaisir de potes qui jouent ensemble.
"Otherside", si on oublie le chant qui pique grave à certains moments (2 minutes 30-35, c'est pas possible les mecs !) fait étale de la marge de progression assez intéressante de nos lascars. Rien que pour le final en guitares, cela mérite d'investir 5€ pour les soutenir, je vous assure !

SULFATOR, en 4 titres carrés, affiche clairement la couleur : celle qui fait bouger le cul et pas qu'un peu. On passe 20 grosse minutes bien sympathiques, qui, une fois passée la déception du chant anglais et de son mixage final, nous permettent de tout simplement demander un L.P !
Avec un amuse bouche comme celui-ci, on attend la suite avec une curiosité non dissimulée !