Aimez-vous le la mineur ? Car c’est là tout ce que nous offre HYPOTHERMIA. Des las. Encore et toujours des las. Il serait tentant de faire ici un jeu de mots on ne peut plus médiocre entre "la" et "être las", mais je n'en ai pas le cœur : cet album ne m'a pas donné l'envie de rire. Du tout. L'on assiste ici à une véritable arnaque : trente-six misérables minutes de creux, cinq titres tous identiques et répétitifs au point d'en devenir vomitifs ; pas de chant, pas de progression musicale ; rien, néant. Kim Carlsson ne s'est pas foulé le petit doigt en composant "Svartkonst", voilà une chose sûre.

J'avais pourtant plutôt apprécié leur album précédent, "Skogens Hjärta", qui était également entièrement instrumental ; mais son Post-Black était plus sombre, un chouïa plus varié, et significativement plus long. Quoique la courte durée de "Svartkonst" soit appréciable : l'on évite ainsi de mourir d'ennui après avoir autant emmagasiné de las d'un seul coup. Je veux bien comprendre tous les arguments sur l'aspect hypnotisant que se doit de revêtir ce type de musique, que la répétition fait partie de ce processus créatif, que le tempo ne doit point accélérer ou ralentir afin de maintenir la qualité méditative de chaque morceau ; mais là, on franchit mon seuil de tolérance.

Étant amateur de Doom Metal et de Post-Black Metal, ce qui est lent et parfois répétitif me plaît ; j'aime à écouter des groupes tels que EARTH ou même SUNN O))), qui basent leur musique sur ces caractéristiques afin de procurer une sensation méditative d'intemporalité, de trance. Mais il faut cependant distinguer ce qui relève d'une démarche artistique aboutie de ce qui relève simplement de l'arnaque : "Special Low Frequency Version" était avant-gardiste et prenait de l'intérêt grâce à la relative originalité de son approche musicale ; en revanche, "Svartkonst" n'a rien d'expérimental ou d'innovateur à proposer qui puisse justifier sa profondément ennuyeuse nature. C'est sûrement très subjectif, mais je ne vois pas l'intérêt d'avoir composé ce disque de la sorte : pourquoi une seule tonalité, pourquoi ne pas avoir donné une identité propre à chaque titre ? Cela me laisse pantois tant Kim Carlsson semble avoir perdu de sa créativité passée.

Je pourrais encore m'étaler sur de nombreuses lignes pour exprimer ô combien cet album m'a déçu, et hélas pas en bien. Il fut une époque où HYPOTHERMIA officiait encore dans le Depressive Black Metal non sans un certain talent ; Kim Carlsson aurait eu meilleur temps de s'en tenir à ce style qui lui seyait si bien tantôt. Il n'est pas utile de continuer à descendre ainsi cet album plus longtemps : il n'est pas recommandé de l'écouter, et si l'envie de jeter une oreille sur la période Post-Black instrumental d'HYPOTHERMIA vous prenait tout de même, je vous conseillerais alors de plutôt vous penchez sur son prédécesseur "Skogens Hjärta", qui est d'ailleurs disponible en téléchargement gratuit sur le site internet du groupe. Sur ce, je m'en retourne écouter "Rakbladsvalsen".