Fondé en 2012 dans le Dakota du Sud, un des états américains les moins sexy, GHOST BATH tente de prendre le flambeau des ténors du Black Atmo et de le porter bien haut. Ah pardon, du Black dépressif tendance Shoegaze, tendance larmoyant, tendance lumineux dans la mélancolie. Bref, du Black argenté pour les optimistes, grisâtre pour les Nietzschéens.

Le dernier skeud que j'ai savouré qui ressemblait à ce qu'offrent les quatre originaires de Chine est, en plus forestier-aérien, "As The Stars" de WOODS OF DESOLATION. Le jeu des guitares me fait beaucoup penser à ce combo, les envolées lyriques et homériques aussi, sauf que GHOST BATH verse inévitablement dans le Black plus personnel et mise sur l'introspection de l'auditeur pour digérer la tonne de sentiments qu'il prétend faire naître. Le mot-clé est ici « prétend ».

Le suc dépressif de GHOST BATH ressort de la même manière qu'il a bondi des âmes torturées qui ont hurlé avant lui. Les cris débiles simulant la folie et la détresse, les riffs aigus et traînants, les variations de rythmes à l'image des changements d'humeur d'un suicidaire (dira-t-on), la production pas trop proprette, cette atmosphère à cheval entre la mort et l'espoir, etc. Vous saisissez, vous qui êtes déjà passé par là. Ben… le Black dépressif, pas ce qu'il dépeint, hein, je ne souhaite cela à personne.

Sauf que "Moonlover" rate un peu la cible en tentant de nous envoyer des décharges émotionnelles sensées nous envoyer au tapis. Et les Américains ne se sont pas dotés de beaucoup de munitions pour nous achever, car sur sept plages, trois sont des instrumentales, alors il ne reste que 32 minutes de musique pour nous enfoncer cette peine dans la gorge. Et je dois dire que dans le style, j'ai déjà été plus transpercé, genre avec AUSTÈRE. À la limite, un brin d'ALCEST dans le temps, ou LIFELOVER à la limite, en plus terreux.

J'ai énormément de difficulté avec la « clarté » sur ce disque. La pochette est on ne peut plus évocatrice du contenu, avec la Lune agissant comme un étau avec la tronche de cette femme. Pour le concept, bravo, ça colle, mais les compos de GHOST BATH ne sont pas assez lourdes ni sombres pour vraiment foutre des frissons. C'est bel et bien du Black Atmo à la luminescence aveuglante qu'on tient entre nos tympans, assez tranquillos, pas marécageux ni tortionnaire. Un Black Atmo propre, qui agresse parfois, mais pas trop, dépendamment de votre tolérance à ce type de chant, qui moi, me rebute quelque peu. Et la musique, ben… c'est correct, sans décoiffer ni prendre aux tripes, à moins que vous soyez un néophyte et que vous tombiez sous le charme. Alors tant mieux pour vous !

Petit détail sans importance, qui pour moi en a : le groupe reprend la magnifique petite mélodie triste de l'intro dans les derniers (et superbes) moments de "Death And The Maiden". Un très beau clin d'œil qui boucle la boucle d'un album en montagnes russes qui, au final, ne passionne pas autant que je l'aurais cru au départ.

Et je dois me rendre à l'évidence que je ne retiendrai que bien peu de choses de cet album, sinon le début et la fin… Entre ces deux feux, GHOST BATH n'arrive pas à livrer la marchandise et à respecter son prétendu style. Il y a trop d'espoir, de tapes dans le dos sur "Moonlover", pour l'étiqueter dépressif. Alors mélancolique ce sera.

À moins que ce soit moi qui ai un cœur de pierre… Vu que l'album reçoit de bonnes notes, je devrais sérieusement y songer !

Note : 2,5/5.

Podium (parce qu'il en faut un) : "Death And The Maiden", "Golden Number", "The Silver Flower Pt. 2".