Revenir sur ses œuvres passées pour les retravailler est une activité essentiellement réservée aux musiciens. Rarement voit-on un écrivain, un peintre ou un cinéaste revenir sur ses travaux pour les recréer, les actualiser et les présenter de nouveau à son public. Si la création musicale est, sans doute plus que les autres arts, intrinsèquement liées aux évolutions technologiques, cette tentative de recréation peut, derrière son prétexte de façade (se faire plaisir, présenter une musique actualisée pour la faire découvrir aux jeunes générations...) peut cacher une absence d'envie ou un manque d'inspiration. Cela semble être le cas pour les Heavy metalleux teutons de MESSENGER, qui après un album moyen en 2013 proposent avec "Captain's Loot" un opus fourre-tout bien peu emballant. D'autant plus que l'ensemble des titres proposés ici figurent déjà sur diverses publications passées du groupe.

Alors que l'on attend pourtant le second volet de sa saga SF "Starwolf", le groupe propose en effet un nouvel album 8 titres qui mêle réenregistrements inutiles et reprises poussives. Les trois titres introductifs, à ranger dans la première catégorie, voient MESSENGER ressortir "Sign Of the Evil Master" et "Tod Dem DJ" (version allemande du morceau "Kill the DJ" de 2005), déjà présents sur la version limitée de l'album "See You In Hell" paru en 2011. Le premier, épique et varié, reste un bon morceau, mais la démarche est totalement inutile et vide de sens. Les amateurs du groupe connaissent déjà les morceaux, les autres n'en ont strictement rien à faire. De même, "Asylum X-T-C", issu de l'album du même nom publié en 1994 et retravaillé pour l'occasion, reste un titre certes mordant et abouti, mais résolument poussif et bourré de clichés.

Les reprises, elles-aussi déjà publiées sur diverses sorties passées du groupe, n'offrent aucune plus-value à ce "Captain's Loot". Certes, "Port Royal", classique de RUNNING WILD, colle parfaitement à l'univers de MESSENGER. Et puis, "Black Bone Song", reprise de ZED YAGO, bénéficie de la présence de la chanteuse Jutta Weinhold, bien trop discrète ces dernières années, et dont le chant puissant fait plaisir à entendre. Les versions de "Kill The King" (RAINBOW) et "Dr Stein" (HELLOWEEN) ici présentées témoignent d'un groupe "gros sabots" qui peinent à rendre hommage à ces classiques, tandis que le "Don't Talk to Strangers" de DIO se voit totalement dénué de l'ambiance inquiétante et agressive qui caractérisaient la version originale.

Un album pour rien, donc. Une compilation qui, si elle pouvait être prometteuse au regard de la qualité des morceaux choisis, tombe à plat de par son utilité et son interprétation totalement dénuée d'une quelconque subtilité, pourtant nécessaire lorsque l'on tente de se frotter aux exercices de réenregistrement et de reprise. Rien à sauver.