Vous l’aviez déjà deviné, les Australiens de TROLDHAUGEN font vaguement du Folk Metal de poilus forestiers, largement inspiré par FINNTROLL et peut-être même par l’autre référence ayant peu à peu pris du poids dans le micro-genre qu’est le Metal trollesquo-second-degriste : TROLLFEST.

Et TROLDHAUGEN a aussi cette petite caution “Avant-Garde” lui donnant un certain cachet qualitatif. Une mauvaise manie bien discutable.

Car TROLDHAUGEN aime s’amuser avec les genres, aime mélanger, et il ne le fait pas si mal que ça. Prenez un "The Good, The Bad And The Gristle". Gros démarrage en fanfare typé DOG FASHION DISCO (ou DIABLO SWING ORCHESTRA sans chant lyrique), qui débouche sur un solo au banjo qui n’irait pas sans rappeler "Stone Cold Metal" d’ENSIFERUM, et cette cavalcade westernisante au goût du "We Ride Together" de TURISAS nous amène vers un dernier chant clair épique somme toute assez classique doublé par un clavier électro-dégueu.
Assez de références en une phrase, autant dire que TROLDHAUGEN se positionne entre le Folklo-Sympho Metal avec des pics épiques (EQUILIBRIUM comme point de repère) et le « freakshow » metallique au gimmick bizarroïde : "Lefty’s Ride", par exemple, semble autant tiré du "Blodsvept" de FINNTROLL que du dernier STOLEN BABIES avec son swing qu’on dira « endiablé » dans un premier temps mais qui, répété sur bien trop de titres, finira par agacer.

C’est sans dire que sur l’aspect orchestralo-folk, le groupe tire sur des ficelles assez grossières et arrive rarement à surprendre, par excès d’artifices. Un effort plus conséquent dans le songwriting (et surtout la recherche de mélodies qui sonnent « nouvelles ») aurait pu rendre l'album nettement plus percutant sur le long terme (on passera donc vite fait des titres comme "The Radiator Teuthida").

Et « percutant » n’est pas vraiment le bon mot. Car de l’énergie, TROLDHAUGEN en a, et son délire entre potes bien burné n’est pas critiquable sur cet aspect. Mais c’est ce dosage de l’énergie qui n’est pas si bien pensé : le débordement badaboum Dubstep en plein milieu d’un blabla tribal pour rendre la chose plus « originale » sur "Viva Loa Vegas" est un exemple parmi d’autres de débordements assez fastidieux qui rendent au final l’énergie déployée plus homogène qu’elle ne devrait l’être. TROLDHAUGEN pondère mal ses pulsions bizarroïdes, et on a du mal à apprécier pleinement la valeur de chacune de ses idées tant elles semblent imbriquées sur une base metallique encore très standard.

TROLDHAUGEN a du mal de sortir ses mélodies du lot, c'est là son plus vilain défaut. L’enchaînement de ses dernières dans un genre à l’étiquette constamment en mouvement (du 8bit au Disco, de la trompette de foire à la Humppa plus standard mais tout de même ultimement festive) fait que le groupe dévoile tout de même un potentiel qui sera à suivre de près.

N’est pas (encore) TROLLFEST qui veut, mais on saura apprécier un petit temps ce disque… Pas assez longtemps pour qu’il reste durablement en mémoire néanmoins. Deux semaines d’écoutes et on passe à autre chose, d’où une note sévère.
Les fans des groupes cités (moins blasés que moi) devraient tout de même prêter une petite oreille à cette troupe australienne.