N'empêche que. Quand on en est réduit à chroniquer du FLESHCRAWL, c'est vraiment qu'on est parti loin dans le pêche aux trucs oubliés. On va pas se le cacher, que ce soit en France ou un peu partout ailleurs, tout le monde s'en tamponne un peu de ce groupe. Ah ça c'est sûr, ils ont fait des trucs très bien, mais c'est pas une raison pour qu'on s'en contrefoute pas. Y a plein d'autres groupes qui ont fait des trucs cools mais dont on se fout. De toute façon y a trop de groupes tout court, alors bon, on va pas s’embêter avec la trouzième division d'il y a 20 ans quoi. La prochaine étape c'est quoi, CENTINEX ?
Bah oui, c'est CENTINEX. Groupe dont tout le monde se fout encore plus mais qui a quand même pesé. Je fais ce que je veux, arrêtez de m'embêter.
Bref, mais j'ai quand même décidé d'attaquer la discographie de FLESHCRAWL. Parce que ces gars ont fait des trucs bien cools, le superbe "Bloodsoul" en tête. Et en plus on me l'a demandé gentiment dans la boîte à demandes alors bon, ça suffit à faire chavirer mon petit cœur. Du coup en avant pour toute la disco. Et on démarre là, en 1992.

L'Allemagne, et sa scène Death Metal. Toute une histoire. Il y a eu pas mal de trucs isolés, genre les tueurs de PROTECTOR dans une veine plus Thrash, les débuts de TORCHURE ou ATROCITY... Et puis bon, par la suite c'est quand même devenu un beau berceau du Death Technique, avec rien de moins que l'arrivée de NECROPHAGIST et l'amorce de toute une vague de virtuoses.
Mais voilà, dans la catégorie des poids lourds du gros Death Old School pur et dur, on en retient deux : les ultimes MORGOTH, et FLESHCRAWL. Chacun ravageant son côté de la scène, officiant dans des genres bien différents, le second s'étant fait une solide réputation en temps que "le groupe de Death Suédois qui vient d'Allemagne".
Bon, on va passer sur la partie historique, juste le joli sketch autour du nom du groupe, s'étant d'abord nommé MORGÖTH mais ayant changé à cause de leurs confrères du même nom, pour se rebaptiser... SUFFOCATION. Youpi. Et encore changer parce qu'un autre groupe un tantinet important avait également le même patronyme. Et voilà qu'on se retrouve avec FLESHCRAWL, qu'on sort un EP en 1991, et ce premier album en 1992, les deux titres de l'EP étant ici repris donc m'épargnant une chronique forcée.

Bref, du coup on se souvient de FLESHCRAWL pour son son suédois Sunlight Krisprolls, mais ici point de tout ça. Ici on a juste un groupe qui galère un peu, qui s'est trouvé un label au petit bonheur la chance (Blackmark Productions, soit LE label wannabee qui prenait un peu tous les groupes de Death restés sur le bas-côté pour s'engouffrer dans la brèche de Nuclear Blast) et s'est donc fait envoyer au Montezuma Studio (responsable des premiers EDGE OF SANITY et THERION donc, le Sunlight du pauvre) et affublé d'une illustration en bon gros sous-Seagrave. Et le problème, c'est que l'album est à l'avenant. Avec ce son terriblement commun, on se retrouve avec des compositions sans vraie personnalité, ressemblant trait pour trait à un peu tout ce qui se fait en Death Metal de seconde zone à ce moment-là. On a des bons titres (ce "Phrenetic Tendencies" d'ouverture parfaitement calibré), des explosions de furie d'une grande densité sur "Purulent Bowel Erosion", du ralentissement Doomesque parfois carrément Stoner dans l'esprit, mais sinon on est en présence d'un pur Death Metal un peu entre toutes les scènes du moment. Et c'est dommage.

Parce que bon, même si on peut pas parler de début en fanfare, ça reste franchement correct tout ça. Humble, ne tentant pas d'en faire trop et livrant juste un album de Death de routine, on sent que ces petits gars ont un gros potentiel mais juste une certaine naïveté et pas franchement d'expérience. Si le cadre ne les a pas aidé, un morceau comme "Lost In A Grave" montre des jeunes loups qui en veulent, maîtrisant parfaitement les changements d'ambiance et les Doomeries, avec un riffing ultra efficace et pertinent. Tout comme "Infected Subconscious" qui enchaîne les riffs comme on en veut à la pelle. Mais merde, les erreurs de jeunesse sont là. Le potentiel est présent mais ne se manifeste pas toujours, et putain, la durée de l'album est juste infernale. Les morceaux tapent pratiquement tous dans les 6-7 min, ce qui fait monter l'opus à 54 min, et l'efficacité s'en retrouve totalement plombée, le côté percutant allant bien se faire foutre d'office. Parce que le genre pratiqué ne s'y prête juste pas. Et voilà.

Bref, "Descend Into The Absurd" est loin d'être mauvais. Y a du riff, y a du growl, y a un peu de tout, mais faut pas se leurrer, si FLESHCRAWL n'a pas percé d'office il y avait bien une raison. On se retrouve juste avec un beau produit de troisième zone, nous balançant à la tronche ce que plein d'autres faisaient en mieux, partout ailleurs, au même moment. Mais pas d'inquiétude, par la suite le tir sera amplement rectifié par un changement de cap salvateur.
Et du coup... Ben on attend la suite, on tente le coup avec celui-là pour se cultiver sur les débuts du Death en Allemagne, et on range pour se manger les prochains dans les gencives bien comme il faut.

Base : un album honnête mais au final totalement superflu, on peut zapper sans trop de regrets.