Quand on pense Égypte en Metal, on a un seul nom en tête : la légende vivante américaine NILE, qui continue de jouer du Death de cinglé d'une qualité indéniable. Son imagerie, ses orchestrations et ses samples issus des tréfonds du caveau le plus sombre ont marqué les esprits pour des générations.

Mais avec le recul, est-ce qu'on ne reste pas sur notre soif côté strictement « culture égyptienne » avec ce rouleau compresseur de NILE ? J'ai toujours trouvé qu'il manquait un peu d'ambiances au combo, aussi suis-je heureux aujourd'hui de vous présenter une alternative/complétion à NILE : le duo allemand d'OBSIDIAN GATE, qui officie non pas en Death Brutal teinté du Moyen-Orient, mais en Black Sympho d'une brutalité certaine et d'une couleur absolument... pharaonique. Les revoilà 13 ans après leur premier skeud, avec la ferme intention de rendre justice aux stéréotypes ; momies, dieux et temples sacrés n'ont qu'à bien se tenir !

Autant vous le dire tout de suite : OBSIDIAN GATE va gâter tous les mordus d'histoire et de clichés égyptiens avec ses atmosphères tissées au clavier et à la guitare. Ne vous fiez pas à l'immonde pochette dessinée sur le coin de la table ! Les orchestrations et chœurs simulés respectent parfaitement l'idée de ce qu'on attend d'une telle orgie. Côté riffs et mélodies, on galope en pleine écurie Black Sympho, y a aucun doute là-dessus. Ça fait du bien, les groupes officiant dans ce genre sont devenus une rareté.

Et de quel Black Sympho OBSIDIAN GATE se chauffe-t-il ? On est loin de DIMMU BORGIR ou de COF, même si quelques chroniqueurs ont trouvé le moyen de prendre des raccourcis intellectuels et de les comparer. Les claviers ne vous rappelleront pas non plus le Black Atmo, car même s'ils sont omniprésents, ils sont la majorité du temps nerveux et agressifs. Certes, on plane à l'occasion, comme si on était figurant dans Lawrence d'Arabie, mais la quasi totalité des parties marquantes proviennent des claviers. On est donc davantage dans le style de pianotage qu'utilisaient VESANIA, ANOREXIA NERVOSA, mais plus épique, ou OBTAINED ENSLAVEMENT, les chœurs en plus. Vous saurez reconnaître vos groupes fétiches hors mainstream (DIMMU, COF) dans ce concert infernal que nous offrent Marco et Markus, qui, je dois l'avouer, ont bien du talent. Et pour un disque sorti en 500 copies, je peux vous dire qu'une tonne de travail rejaillira sur chacun des précieux exemplaires !

"Whom The Fire Obeys" est le genre d'album qui s'écoute facilement (si on aime le genre) d'un bout à l'autre. Les pièces, d'une longueur moyenne de cinq minutes, s'emboîtent parfaitement les unes dans les autres afin que le but des Allemands, tisser une fresque épique inspirée des sagas pharaoniques bien sûr, soit atteint. Et je suis heureux de vous dire, clairons à l'appui, que c'est réussi. Certains trouveront que ça manque de variété, que ça déboulonne trop sa mère, que le duo aurait eu intérêt à ralentir le tempo une fois de temps en temps, mais bon. Tous les goûts sont dans la nature et les éblouissements y sont aussi nombreux.

Alors plongez tête baissée dans cet extravagant disque qui, comme NILE, fascine en dépeignant l'Égypte, son histoire et ses échos. Enfin, tels qu'on se les imagine, car les premiers à cracher sur cette démonstration seraient sûrement les pharaons eux-mêmes tellement l'orgie est artificielle et pompeuse ! Presque irréelle. Démente !

Podium : (or) "Whom The Fire Obeys", (argent) "Feed Him To The Desert" et "Sekhmet, The Wrathful", (bronze) "Plagues Upon Them!".