Découvrir cet album c’est un peu comme croiser par hasard une vieille connaissance de notre jeunesse révolue, pas forcément un ami, juste un gars comme ça, qu’on trouvait sympa, sans plus. L’occasion de taper la discute autour d’un verre, de ressasser quelques vieux souvenirs, et de se rendre compte que finalement, ce gars, il était bien sympa. C’est un peu ça ce "Heavy Metal Sanctuary" de BATTLEAXE. Pensez-donc : un second couteau de la NWOBHM, auteur de deux albums honnêtes mais tellement peu essentiels, un de ces combattants d’arrière garde, valeureux, bon faiseur, mais qui fut loin de laisser un souvenir impérissable. Un second couteau qui nous revient pour ce troisième album studio… 30 ans après le précédent (on omettra l’EP anecdotique publié en 2004). Et quand on sait en plus que cette œuvre est en gestation depuis 4 ans… bref, on ne sait pas trop à quoi s’attendre.

Et donc voilà, on écoute le bousin, sans trop d’enthousiasme… Et dès le premier morceau on se fait totalement avoir ! Ok, ces mecs-là, l’originalité ils ne connaissent pas, l’évolution du Metal n’a jamais existé pour eux, rien à foutre, 80’s forever, vous êtes prévenus. Ça n’empêche pas qu’il est bien difficile de se retenir de tripper si un jour vous avez été fan d’ACCEPT, d’AC/DC, de KROKUS, de TRANCE et de tous ces combos, de premier ordre ou non. C’est donc ça le nouveau BATTLEAXE : du ACCEPT qui renoue avec ses influences Hard Rock à la AC/DC. Et ouais. Si les derniers albums d’ACCEPT vous ont plu, je ne vous cacherai pas que moi je regrette leur orientation 100% Heavy Metal teuton, où est donc l’once de folie Rock’N’Roll qui habitait même les albums du groupe dans les 90’s ? Disparue. Et même chez UDO aussi désormais. Et ça me fait chier. Et je suis donc bien content de la retrouver avec BATTLEAXE.

Et c’est donc avec des titres aussi excitants que "Heavy Metal Sanctuary", "Shock And Awe", "Hail To The King", le redoutable "Rebel With A Cause" et son refrain carnassier et le très Hard Rock festif "Romeo" que l’on prend son pied. Ces titres sont irréprochables. On n’est cependant pas dupes : si Mick Percy donne de sa personne en doublant la plupart de ses parties de grattes, il se montre cependant incapable de balancer des riffs de tueur, mais il compense le bougre à travers des parties lead mélodiques, rigides mais entêtantes. Dave King, au chant, n’a aucunement la classe habituelle des chanteurs de Heavy rosbeef mais peu importe : les ans ont fait de lui un clone de Dirkschneider, en moins braillard, avec peut-être même plus de coffre, il chante en tout cas beaucoup mieux qu’à ses débuts. C’est efficace et les amateurs céderont au coup de cœur.

Alors c’est vrai, parfois, on peut se dire que faire revivre le passé dans des grands élans nostalgiques ne fait pas que du bien. Quelques compos un peu faiblardes viennent en effet entacher l’ensemble. Le groupe affiche donc ses limites avec les passe-partout "Give It More" et "Spirits Of The Fallen". On nous tease avec un "A Prelude To Battle" qui n’accouche que d’un mid-tempo finalement assez lourdingue, "The Legions Unite". L’imparable quatuor d’ouverture ne parvenant plus à être égalé par la suite… Quoique, ce "Devil Calls", bien mélodique et catchy s’en approche grandement. Avec Romeo, il sauve une seconde partie d’album moins trépidante.

Les textes sont pleins de clins d’œil et de clichés : ça parle de guerriers, de Rock’N’Roll, c’est du vu et revu et pourtant ils sont plutôt bien torchés dans l’ensemble. On accepte sans broncher le conformisme de l’ensemble tant ce croisement de Heavy anglais contaminé par la rudesse allemande sans son côté bourratif fonctionne grâce à la sensation "d’éclate" qui émane de l’ensemble.
C’est donc ça ce sanctuaire du Heavy Metal : un album qui n’usurpe pas son titre loin s’en faut ! Ça manque de personnalité mais au final on s’en fiche un peu, ces mecs ont quelque chose de touchant qui nous fait pardonner leurs moments de faiblesses. Et puis, mine de rien, "Heavy Metal Sanctuary" n’est ni plus ni moins que la meilleure réalisation de BATTLEAXE. Ça valait la peine d’attendre 30 ans, je suis bien content d’avoir taillé le bout de gras avec cette vieille connaissance.