FFERYLLT. Comment ça se prononce ? Férilte ? Fériïte ?
Enfin bref. Je l’attendais avec impatience ce second album de Férilte. Le premier m’avait vraiment charmé, en particulier grâce au chant glacial et super mélodieux de la prêtresse du groupe, Joona, à présent remplacée par Dame Natalya, tout aussi talentueuse. Je n'en attendais pas moins de ce second album commandé directement en contactant le groupe le jour J, comme proposé sur leur site officiel, les yeux brillants. Hélas ! Après moultes écoutes, j’ai un avis fort mitigé.

"Proritsanie", qui signifie « prédiction », s’annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. Le groupe, cette fois, a appelé toute une variété de musiciens pour jouer les instruments acoustiques. Harpe, bodhran, vielle à roue, cornemuse, violoneux aux beaux mulets châtain clair vêtus de chemises couleur blanc cassé… Tout adepte de musique folklorique et médiévale a de quoi se faire plaisir. Finie la boîte à rythme du premier disque, nous avons droit à un véritable batteur ! Si ce n’est pas du luxe ça !
Les mélodies du premier album étaient souvent calmes et cérémonieuses. Ici, elles sont bien plus emportées, plus osées. Bref, on sent une réelle évolution ; cette impression se confirme tout au long de l’album. Le titre éponyme reste le meilleur du disque, solennel et entraînant à la fois.
Alors que le premier skeud déjà très bon privilégiait le chant féminin mais faiblissait lorsque le chant Black faisait son apparition, ce dernier est ici bien plus rugissant et savoureux, mieux intégré et beaucoup plus omniprésent. Les trois premières tracks ainsi que la sautillante "Berserk’s Way" sont les seules à proposer l’alternance entre les deux types voix. La chanteuse fait tout de même une très courte et timide apparition sur Called by War.

La majorité des morceaux, entre ambiances sombres et guerrières, se ressemblent un peu trop. Aucun ne parvient réellement à sortir du lot. L’album est assez uniforme et finalement pas aussi enthousiasmant qu’on le croit au début. La voix Black se révèle là encore moins saisissante lorsqu’elle règne en maîtresse absolue, ce qui est hélas le cas sur la majorité des chansons. Or, ce qui faisait le charme de FFERYLLT, c'était avant tout le chant féminin.
L’instrumental "Aurgelmir" sert d’ouverture à "Ledyanoy Topor" (Hache de Glace). Il aurait été bien d’en faire autre chose qu’une introduction qui s’oublie vite : il évoque tout de même le géant Ymir, tué par Odin, créant ainsi le monde de Midgard, mais aussi la race des Nains. Ce n'est pas rien !

Souvenez-vous sur "Dance Of Druids". La beauté des morceaux sur lesquels trônait la chanteuse. La très classe et élégante "Following Skaadi", la magnifique balade champêtre portant admirablement son nom "Autumn’s Gold", la grandiose "Jule" sur laquelle on pouvait aisément imaginer la prêtresse, revêtue de sa longue robe blanche, s’avancer au bord d’une montagne balayée par un violent blizzard, son chant puissant recouvrant le hurlement de la tempête déchaînée…
Et bien, sur "Proritsanie", il n’y a rien de tout ça. Il faut se contenter d’un pauvre "Iddavol" final. Quel dommage ! Certes, épique, mais nettement moins bon et émouvant que ceux du précédent opus. Pour un morceau évoquant la demeure d’Odin, au centre de la glorieuse cité d’Asgard, on s’attend à quelque chose de bien plus grandiose !
Le chant féminin était et demeure toujours le meilleur atout du groupe.Pourquoi ne pas l’avoir mis en valeur dans cet album autant que dans le premier ? De tels morceaux auraient rajouté une touche de diversité vraiment bienvenue. Hélas, il faudra nous en passer. Franchement, c’est du gâchis !

FFERYLLT est un groupe encore jeune. Je ne veux pas casser un album pourtant bourré de bonne volonté, la preuve en est avec la présence d’un véritable batteur. Néanmoins, il reste à mon goût en-dessous du précédent, en particulier au niveau des ambiances et des émotions retranscrites. Dans le genre du Folk Metal avec alternance entre chant Black et chant féminin, le premier album du groupe auquel j’aurai mis quatre étoiles, ou encore ARKONA et CRIMFALL font bien mieux.
L’album n’est pas à jeter, bien sûr que non ; c’est agréable à écouter, mais guère original.