Il est finalement de retour! Plus de trois ans après la sortie de son excellent premier album solo en carrière («King Of The Nordic Twilight»), Luca Turilli, le cerveau et principal compositeur du groupe Rhapsody, nous revient en force avec son second album solo intitulé «Prophet Of The Last Eclipse», toujours sous la production des excellents Sascha Paeth et Miro (Angra, Kamelot, Rhapsody, Heavens Gate, Virgo).
Depuis la parution du dernier album de Rhapsody, il semble que Luca Turilli ait atteint un point de maturité musicale qui lui permette de composer des disques encore plus aboutis qu'autrefois. On ne peut lui retirer cette capacité continue à se renouveler artistiquement.«Prophet Of The Last Eclipse» bénéficie donc de l'adresse acquise grâce au travail accompli avec Rhapsody, mais se permet également d'explorer de nouveaux horizons.
Principale constatation, l'ambiance de cet album est différente de celle que l'on peut retrouver sur les disques de Rhapsody. En effet, Turilli expérimente un peu plus avec ce nouveau style que l'on peut appeler du «Symphonique/Cosmique Métal», qui est un peu plus atmosphérique et ambiant. En d'autres mots, cet album est un peu moins orienté vers les guitares que son prédécesseur (donc un son un peu moins agressif), mais met énormément l'accent sur une utilisation poussée des claviers et l'abondance des parties électroniques. L'utilisation des claviers est quelques peu différente que ce que Turilli fait avec Rhapsody, avec un son beaucoup plus futuristique et spatial, de concert avec le thème de l'album. Ceci fait donc en sorte qu'il peut être un peu plus difficile pour certaines personnes d'apprécier cet album dès la première écoute. Mais ajoutez à ceci les ingrédients habituels du power-métal à la Rhapsody, soit les choeurs grandiloquents, mélodies entraînantes, interludes classiques, orchestrations poussées et douceur des arrangements, et vous vous trouvez avec une autre belle réussite de Luca Turilli!
L'album débute avec une intro («Aenigma») dans la même veine que celles des albums Turilli/Rhapsody, mais déjà à ce point on peut remarquer les éléments sonores cosmiques qui sont introduits avant que les premiers choeurs fassent leur apparition.
On embarque ensuite avec la première véritable chanson de l'album,«War Of The Universe», chanson toute en puissance et au tempo rapide, typique à ce dont nous a habitué Turilli depuis ses débuts, avec les choeurs puissants et les orchestrations bien ficelées. Le tempo est donné et nous voici avec la pièce «Rider Of The Astral Fire», qui débute de façon impressionnante avec une combinaison d'instruments à cordes, à vent et de guitares. Le rythme est toujours aussi rapide, malgré la présence de légères parties électroniques qui viennent causer une certaine cassure dans le tempo de la chanson. À noter en milieu de pièce les choeurs d'église et d'enfants qui viennent ajouter une certaine touche de variété avant la reprise du tempo rapide.
Retour au calme avec la ballade «Zaephyr Skies’ Theme»; c’est la chanteuse Amanda Somerville qui pose sa douce et envoûtante voix sur cette pièce plutôt atmosphérique, dans un esprit légèrement gothique. Avec sa belle orchestration classique, Turilli se fait plaisir et assouvit sa passion pour la musique de cinéma en nous donnant une pièce qui serait bien à sa place sur la bande originale d’un film.
La deuxième partie de l’album débute avec la pièce «The Age Of Mystic Ice», pièce au tempo lent qui gagne en rapidité lorsque sont entonnés les refrains accrocheurs. On retrouve à mi-chanson un passage instrumental intéressant où l’effet des claviers et des guitares se fait bien sentir. De retour à un tempo un peu plus rapide avec la pièce «Prince Of The Starlight» qui démarre sur les chapeaux de roues et donne le goût de taper du pied et hocher de la tête, et qui maintient le rythme rapide jusqu’à mi-chanson où l’on retrouve une petite cassure musicale laissant la place un court instant à des chœurs féminins avant de repartir de plus belle. Il s’agit d’une pièce axée sur les guitares et qui aurait pu facilement se trouver sur le premier album solo de Turilli tellement les claviers sont presque inexistants.
Une nouvelle ballade fait son apparition avec la pièce «Timeless Oceans»; rien de vraiment intéressant sur cette pièce mis à part les arrangements musicaux. Cette pièce permet surtout au chanteur de nous montrer l’étendue de son registre vocal, mais sans plus. De retour avec un son plus agressif avec «Demonheart», pièce intense avec un passage instrumental plutôt joyeux, causant un certain contraste. Encore une fois, les chœurs puissants lors des refrains ajoutent une certaine grandeur à la chanson.
Suit la pièce «New Century’s Tarantella», quelque peu déroutante puisqu’elle dévie musicalement du concept futuriste de l’album. Turilli y combine le power métal avec des éléments tirés de la culture celtique et du folklore (guitare acoustique, mandoline, flûte de pan, accordéon). Pièce très intéressante en-soi musicalement, mais qui semble hors-contexte si l’on ne porte pas attention aux paroles. L’album est clôturé de magnifique façon par la pièce titre «Prophet Of The Last Eclipse», un morceau épique de près de 12 minutes. La pièce débute tranquillement avec un chœur tout droit tiré d’une église, pour ensuite gagner en rythme et en intensité avec une orchestration élaborée, alternant rythmes rapides avec rythmes plus lents, le tout agrémenté de nombreux chœurs tant féminins et masculins.
En résumé, rien de nouveau sous le soleil, Turili conserve tout de même un style qui lui est propre, mais en prenant tout de même quelques risques en délaissant un style d’écriture axé sur le thème des légendes pour adopter un style beaucoup plus axé sur une époque futuristique, et en incorporant à son style musical une variété de sons électroniques inhabituels rendant la première écoute quelque peu surprenante, mais qui s’assimilent assez facilement par la suite. La présence des chœurs pompeux et des orchestrations très poussées font en sorte que le dépaysement n’est pas trop important. Pour les amateurs du Turilli et de Rhapsody, cet album est pour vous!