Je crois que Lov312 a parfaitement résumé la situation : pour apprécier cet album, il faut être déjà mort. Personnellement, j'apprécie !
A mon humble avis, on a tous en nous quelque chose, non pas de Tennessee, mais de mort. Une pulsion misanthrope, dépressive et autodestructrice bien cachée, mais qui ne demande qu'à ressurgir. Hé bien ELEND parvient à réveiller cette part sombre qui dort en chacun de nous, même chez les plus joyeux, les plus satisfaits de la vie.
On pensait le monopole de la dépression tenu fermement par les PARADISE LOST, SHAPE OF DESPAIR, TOTALSELFHATRED, MOONSPELL et j'en passe. J'adore les groupes précités, seulement voilà : la révélation est venue de là où on l'attendait le moins, et cette révélation a un nom : ELEND. D'ailleurs, plus je réfléchis et plus je me dis que "révélation" ne colle pas ; parlons plutôt de malédiction. Car "A World in Their Screams", ce n'est pas de la dépression, c'est LA dépression, le mal-être lui-même, l'essence du dégoût de soi et des autres. Arriver à un tel résultat, voilà un truc que tous les funeral doom du monde n'arriveront jamais à réaliser.
Mais ça nous avance pas tout ça. En gros, ELEND, c'est quoi ?
Hé bien ne vous attendez pas à du black dépressif et consorts. ELEND, c'est de l'ambient orchestral, mais version décadente. L'orchestre du Malin interprète la musique qui accompagne les textes de ce disque.
Et parlons desdits textes, puisqu'ils constituent un des atouts de taille d'ELEND. J'ai des scrupules à parler de simples "textes", c'est plutôt de la poésie. Une noire poésie, exacte reflet de l'âme torturée de son génial géniteur. Et on se prend des crises d'angoisse existentielle à l'écoute du "Dévoreur", de "Borée" ou encore de "Je rassemblais tes membres", même si les autres titres ne sont largement pas en reste. A écouter d'un trait, seul, allongé, dans le noir. Et ne soyez pas rebutés par l'aspect "trop" hyperbolique de la chronique de NiME, il n'est que justifié, ce serait dommage de rater un tel chef-d'œuvre.
Un album pour : les fans de FREEDOM CALL, les enfants de chœur, ceux qui n'ont pas saisi la chronique d'ORPHANAGE, les gens toujours joyeux, ceux qui pensent avoir tout entendu, les clowns, les chanteuses folk, ceux qui trouvent que le monde va bien, Casimir, le Pape, ...
Vous aimez votre situation ? Vous trouvez que vous avez réussi votre vie ? L'état du monde ne vous pose pas de problème ? Rien ne vous chagrine intérieurement ? Il ne vous manque rien ? Vous allez bien ? Vous êtes sûrs ? Ecoutez donc "A World in Their Screams", on en reparle après...