Cet album me conforte dans mes idées : le précédent "World Painted Blood" était bien bon ; je le préfère. Ici je ne trouve pas la même variété, pas les effets ou breaks punchy qui me coupaient le souffle dans "WPB". Je pense que la batterie de Dave Lombardo y était pour beaucoup. Je trouve que c'est plus linéaire, sans riff inventif qui puisse apporter un contrepoint à des voix qui restent scandées et globalement très monocordes sans amener de nette mélodie (au sens de SLAYER s'entend); le riff de "Piano Wire", au demeurant très bon, a quand même été entendu il y a bien longtemps, celui de "Chasing Death" en intro sent bon le SLAYER de 1983. Reste que SLAYER est unique, toujours furieux et ça, ça me fascine toujours. Et je repousse autant que je peux l'idée de "fonctionnarisation" consciente chez eux comme les autres parce que je veux croire à leur sincérité. Comment expliquer alors que Lemmy, autre exemple, monte encore sur scène sinon par le fait que monter sur scène ça reste le truc le plus excitant qui soit ? J'en suis convaincu parce que j'ai vu MOTÖRHEAD à Ris Orangis en 98 au creux de la vague assurer devant 150 personnes. Et Dave Meniketti de Y&T venant de Californie, manger à la cantine du Forum de Vauréal avant de monter sur la scène de 10m2. Respect. C'est là que la critique de Canard WC, très compréhensible, peut être discutée. Le temps passe et comme le dit Réplicant « on n’est pas chez Miles DAVIS ou ZAPPA ». SLAYER et consorts ont fait le choix début 80 d’un Metal ultra spécialisé emporté par la surenchère alors qu’un JUDAS PRIEST, alors jugé étalon du Metal, pouvait encore se permettre quelques digressions et balades parfois cul-cul. SLAYER se répète c’est vrai, mais qu’y faire ? J’ai entendu Eric Naulleau dire qu’il reste sourd aux critiques sur les capacités perdues du vénérable chanteur Charles Aznavour parce que qu’il allait toujours voir les monstres sacrés par principe. Je crois qu’on en est là avec toutes nos vieilles gloires. Comment expliquer qu’ils remplissent les salles et même les stades autrement que par la tentation de pèlerinage qu’ils créent ? Parce que, soyons lucides, rien ne les a vraiment remplacés depuis 30 ans.