SLAYER : REPENTLESS (2015)

Je me souviens qu'à l'époque de sa sortie, "Repentless" m'avait véritablement laissé de marbre. Pendant le mois de sa sortie, je me le passait en boucle avec autant d'enthousiasme qu'un chômeur avant son rendez-vous Pôle Emploi. Après ce petit moment passé avec cet album, comme avec ma conseillère, j'en suis ressorti avec une sensation profonde d'inutilité et je suis passé à autre chose.

Mais nous sommes en 2024, quasiment 10 ans après, et le pépère Kerry est revenu avec son projet solo, mais surtout avec la reformation de SLAYER! Cette nouvelle m'a alors plus ou moins obligé à me remettre la disco du quatuor dans les esgourdes.

Alors après m'être remis à SLAYER durant ce mois de Mars 2024, bizarrement "Repentless" est très certainement le disque sur lequel je suis le plus revenu, ce qui me laisse toujours aussi dubitatif. Mais après quelques insomnies à me demander "pourquoi?" quelques éléments de réponse me viennent dans le crâne.

2015, SLAYER avait peut être perdu son élément le plus précieux (Mister Jeff Hanneman suivez un peu...) mais il était encore bien vivant, se tenant fièrement sur le trône des rois du Thrash, un roi amputé certes mais immortel. Et tout le monde avait encore l'espoir de voir ce monument retrouver sa superbe d'antan, comme nous espérions revoir Notre Dame dans son plus bel habillage. Mais ce ne fut malheureusement pas le cas.

Aujourd'hui, et ce malgré la récente nouvelle de leur reformation, SLAYER est une entité appartenant au passé. Nos attentes se sont éteintes avec le passage du temps, ce qui, je pense, nous permet d'avoir plus de recul sur les albums les moins appréciés du groupe, et "Repentless" en fait partie.

"Repentless" souffle le chaud et le froid, réchauffé et le bien frais durant ses quarante minutes. Le morceau titre est une tuerie. Slayer a toujours pris le plus grand soin à soigner ses entrées. Prenez chaque album. Tous commencent avec les titres les mieux considérés et c'est encore le cas ici. La rapidité d'exécution est géniale, Bostaph martèle ses fûts comme un damné, le refrain simpliste reste dans le crâne comme une masse en plein milieu du front. Bref le meilleur titre de la galette.

Mais malheureusement la suite arrive que trop rarement à atteindre le niveau du premier titre. On peut retenir "When The Stillness Comes", pur hommage à Jeff avec sa progression rampante au possible avant une explosion finale plus que jouissive. "Chasing Death" également nous file un sourire de tueur en série grâce a l'énergie déployée par Araya qui vocifère comme un damné le tout soutenu par cette batterie absolument imparable! Je mettrais également du bon côté de la barrière, dans une moindre mesure, "Implode" pour son premier tiers bien tendu et "Take Control" assez speed et "You Against You" dont la construction est assez similaire à "Implode" finalement.

Mais mis à part ces quelques titres, le reste me parait bien fade, la faute à un tempo revu à la baisse la plupart du temps. "Vices" malgré un riff de pont assez marquant, déroule mollement son mid tempo la majeure partie du temps (tout comme "Cast The First Stone" et "Piano Wire"). Et que dire de "Pride In Préjudice"! Très certainement la pire conclusion que le groupe nous à proposé de toute se carrière!

Et ce constat peut être fait pour la plupart des autre titres. Chaque chanson possède un moment marquant mais s'enlise très rapidement dans un tempo tranquille, malgré tous les efforts de Paul Bostaph à rendre ce côté routinier moins présent, lui qui est d'ailleurs la grande satisfaction du disque. Son jeu de baguette tout en subtilité élève certains morceaux qui, sans ça, ne serait que des odes à l'ennui. Je pense même que Paul fut bien plus à même d'assumer les parties rythmique de cet album que Dave Lombardo, son jeu plus véloce étant moins en adéquation avec cette volonté de lourdeur assumée par Kerry.

Bon finalement ce "Repentless" est-il aussi chiant que je l'avait perçu à l'époque ? Et bien non. Certes il n'est absolument pas parfait mais il contient suffisamment de qualités pour passer un moment agréable en sa compagnie. Ces quelques titres bien ficelés, le jeu de Bostaph mais également sa production absolument énorme nous poussent à y revenir sans déplaisir. Mais il y a également cette ombre omniprésente, écrasante même, d'un guitariste blond, fan de Heineken, qui parsème ce disque. La volonté féroce de Kerry de ralentir le tempo et capitaliser sur une ambiance glauque ne peut que faire penser à notre regretté Jeff. Plus j'écoute Repentless, plus j'ai l'impression d'un hommage fait par un ami, qui s'est décarcassé pour coller le plus à la vision de celui qui n'est plus parmi nous pour la présenter.
C'est peut être pour ça que j'y reviens maintenant à cet album, car il me touche.

RIP Jeff.