Ah. Il y a de la vie après Nattens Madrigal. C'était pas forcément évident pour moi, au départ. Comment survivre après avoir accouché d'un tel joyau ? Partir dans une autre direction, complètement. C'était William Blake, et puis surtout Perdition City. Sur ce dernier, je suis encore partagé.
Blood Inside semble néanmoins souffrir, aux yeux de beaucoup, de ce statut de successeur à Perdition City. Certes, le virage est moins prononcé. Certes, Nowhere/Catastrophy, c'était une sacrée conclusion. Mais cet album-ci, je le trouve aussi bon. Il est plus riche, plus touffu. Exit la froideur du précédent, on n'est pas encore dans la pudeur du suivant. Blood Inside, ça fouette, ça envahit.
"Dressed In Black" offre un début plutôt paisible, mais finit de manière tout à fait Arcturusienne. "For The Love Of God", un poil moins bon que le reste de l'album, peine à décoller, mais le refrain le sauve. Christmas aurait pu prendre le même chemin, mais les passages instrumentaux à partir du milieu le rendent irrésistible. Quelle maîtrise des arrangements !
"Blinded By Blood" ressemble à du This Mortal Coil, atmosphère calme, trompeuse. C'est aussi un temps calme (pas forcément émotionnellement, mais au moins pour le niveau sonore) pas mal calculé avant la suite.
"It Is Not Sound" se paie le luxe, lui, d'avoir un passage synthé tout à fait dans le ton de Genesis (C'est du Bach, mais au niveau instru, on se croirait sur "Selling England By The Pound").
"The Truth" est un véritable caméléon, à l'image de l'album, et arrive à présenter plusieurs visages en 4 minutes à peine. "In The Red" commence presque comme du Depeche Mode, mais en cours de route, Jazz, samples, on pourrait être dans la BO d'un Batman. Ambiance garantie.
Et nouveau changement de direction avec "Your Call", oppressant, envoûtant. "Operator" nous reprend par la peau du cou, et nous ballotte, nous emporte dans un maelstrom impressionnant. Oui, on peut être violent sans guitares, sans blasts. Oui, je sais, ça paraît fou comme ça...
Au final, un bon 4,5 pour ma part. Clairement. Pas à la première écoute, ni à la seconde. Ce ne sera jamais pour moi un album où l'un où l'autre titre se détache. C'est toujours un handicap pour les premières écoutes. Mais ensuite, on se retrouve juste avec un grand moment de musique. Chapeau, messieurs.