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Judas Priest
Turbo
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le 20 Septembre 2022 par FREDIAN


En 1985 JUDAS PRIEST est à l'apogée de sa carrière à tous les niveaux. Ils avaient déchainé l'Est en '79, imposé définitivement leur bannière Britannique en Europe en '80 et conquis l'Ouest en '82. En '84, fort d'une profession de foi Metallique aussi ambitieuse/prétentieuse que réussie et unanimement appréciée artistiquement, ils ont envahi le Monde avec leur bien nommé "Metal Conqueror Tour" et ses shows dantesques sous fond de Metallian aussi kitsch qu'imposant et d'ambiances survoltées (parfois même au-delà des limites (*1)). De plus, le succès "mainstream" est au rendez-vous. "You've Got Another Thing Comin'" a véritablement lancé le groupe sur les ondes US et même si "Defenders..." ne s'y est pas aussi bien vendu que "Screaming..." (à leur grand désarroi mais il y manquait LE hit), il a tout de même cartonné outre-Atlantique.

En 1985, ils profitent aussi de leur premier véritable break dans leur carrière déjà imposante et en outre ne performeront qu'au Live Aid. Rob tentera de se débarrasser de ses addictions à l'alcool et à la drogue après avoir subi un drame personnel et en reviendra requinqué comme l'attestera la tournée qui suivra la sortie de "Turbo". Ils rentrent en studio durant l'été et l'idée de base est de sortir un double album présentant les différentes facettes de leur musique, un espèce de Best Of mais avec du matériel neuf. Sur le papier, il y a de quoi saliver. Mais le label s'y est opposé, sentant le coup foireux mercantilement parlant et préférant surfer sur leur succès acquis et exploiter la déferlante Glam du milieu des 80ies (*0). "Twin Turbos" est ainsi mort dans l'œuf.

1986 est une année singulière pour la musique Rock/Metal. D'un côté, "Master Of Puppets", "Peace Sells...", "Reign In Blood". De l'autre, "Slippery When Wet", "Look What The Cat Dragged In" et "The Final Countdown" (*2). On peut difficilement faire plus opposé dans l'approche musicale et stylistique. Les géants du Heavy britannique, sans doute attirés par les succès phénoménaux du Glam aux US, ont tous choisi cette seconde option (la première viendra plus tard pour JUDAS) de "Somewhere In Time" à "Hysteria" en passant donc par "Turbo". En ce qui concerne JUDAS PRIEST, c'est un petit peu plus compliqué que cela en réalité. Depuis ses tous débuts, le groupe a recherché le succès commercial autant que l'estime artistique. Des reprises d'abord. Des hits "radio-friendly" ensuite. Puis les tentatives d'hymne stadier à la "We Will Rock You". Et une volonté de conquérir les US depuis "Point Of Entry". Mais "Turbo" ira beaucoup plus loin et fait preuve d'un opportunisme certes compréhensible mais qui pour la première fois va prendre le pas sur la direction artistique (*0). Résultat? Malgré le savoir-faire bluffant du groupe qui arrive toujours à pondre d'excellents morceaux quelque soit le style, je le trouve globalement raté. Surtout si je le compare à ses deux frères d'arme précités. Si DEF LEPPARD assume 100% son passage à l'Ouest en calibrant son album au maximum (l'ambition était de sortir le "Thriller" du Rock/Metal, rien que ça!), et IRON MAIDEN reste lui bien campé sur ses terres fondamentales en y incorporant cette modernité mid-80ies (guitares et basse synth) qui siéra finalement très bien aux ambitions plus progressives de Steve Harris, JUDAS quant à lui vacille le cul entre deux chaises (MTV d'un côté, Heavy de l'autre) comme s'il n'avait pas assumé sa propre démarche.

Alors, "Turbo" a cartonné dans les charts, notamment aux US (très loin de "Hysteria" néanmoins), mais son hétérogénéité qualitative et ce compromis impossible le rendent trop bancal. Les guitares sont donc globalement moins tranchantes, le chant de Rob se veut plus medium (pas que ça me dérange foncièrement mais les chanteurs de Glam envoyaient du bois donc ce choix est surprenant), les paroles plus terre à terre (voire niaise e.g. "Parental..."), le look plus édulcoré (moins de clous, plus de cuirs, de couleurs et de permanentes) mais les compos, pour une bonne moitié d'entre elles, sont fades. A trop vouloir sortir l'album qui, du metalleux à la ménagère, mettrait tout le monde d'accord, JUDAS PRIEST s'est égaré.

Restent donc à la postérité l'autre moitié. L'opener est ainsi à nouveau une franche réussite et un tube ravageur. "Out In The Cold" renoue brillamment avec le côté planant que le PRIEST aurait pu à mon sens plus exploiter (de "Run Of The Mill" à "Solar Angels" et à un degré moindre "Desert Plains", ils y ont à chaque fois fait mouche). Je comprends les crispations sur le son de synthé (notamment de l'intro) qui a vieilli (c'est vrai que les orgues Hammond et autres Mellotron des 70s sont mieux passés à la postérité) et sur celui des batteries triggées qui sonnaient comme des boites à rythme (là encore il n'y a pas match avec le son plus naturel des 70ies) mais si on inverse le raisonnement, ces sons sont tellement identifiables aujourd'hui qu'ils caractérisent à eux-seuls une époque où finalement la musique se voulait plus fun et décomplexée et où l'expérimentation et la liberté (relative tout de même quand il s'agissait de scorer au Billboard) étaient de mise. Les années 80 ont connu leur lot de crises économiques et sociales et la musique, me semble-t-il, n'a jamais autant été un exutoire d'évasion (même illusoire) qu'à cette époque. L'expansion et la reconnaissance médiatique du SIDA fin 80ies a-t-elle mis fin à cette insouciance (tous les sous-genres musicaux des 90ies seront plus sérieux, contestataires ou mélancoliques)? Nous vivons aussi des crises aujourd'hui et je ne retrouve pas dans la musique le lâché-prise et le fun qui éclaboussaient les 80ies.

Revenons à "Turbo". "Reckless" fait partie de ces bons morceaux oubliés du PRIEST, mais témoigne aussi du terrible manque de flair du groupe sur cet album. Ils ont refusé qu'il fasse la BO de Top Gun, malgré des paroles en adéquation avec le film, pensant que ce dernier ferait un flop et sous prétexte que le titre n'aurait alors pas figuré sur "Turbo" (des questions de droits), explication peu convaincante sachant ce que l'avorté "Twin Turbos" offrait comme compos à disposition du groupe. Le très dynamique "Locked In" et son joli solo donne la patate, malgré un refrain qui oscille sur la fine frontière entre l'entraînant et l'irritant.
Et puis c'est tout. Tous les autres morceaux souffrent du compromis foireux (mégalo?) et tombent dans le pompeux ("Rock You All Around The World", dommage l'intro était prometteuse), le putassier ("Hot For Love" et son bricolage raté: rythmique lourde, pont très mélodique, refrain martelé, soli harmonisés, effets sonores: il y avait tous les ingrédients pour le tube mais ça ne décolle pas, ça sonne forcé), la facilité ("Private Property" et ses faux airs de "You've Got Another Thing Comin'") et le maladroit (-ement revendicatif) "Parental Guidance" réponse à Tipper Gore et son PMRC suite à la polémique sur les textes de "Eat Me Alive" (*3).
Ah non, j'oubliais le cas "Wild Nights...". Un titre que j'ai longtemps snobé à cause de son refrain horripilant à la longue. En définitive, je dois bien reconnaître que sans être exceptionnel, ce morceau est plutôt bien foutu et assure une certaine continuité aux titres de Bob Halligan Jr.

La réédition 2001 de l'album propose un inédit issu des sessions de "Turbo", le poussif "All Fired Up" dont la rythmique semble singer "Rapid Fire" et une très bonne version Live de "Locked In" (issue du "Fuel For Life Tour") sur laquelle Rob excelle.


Note: 2,5/5 descendu à 2 vu que je ne ressors que quatre vraies réussites sur les neuf titres de l'album d'origine

Le monument : "Turbo Lover"
Le hit : "Locked In"
La perle : "Out In The Cold"
Le bon morceau oublié : "Reckless"
Le gros ratage : "Parental Guidance"


(*1) Le tristement célèbre mais exagéré (*1") épisode du 18 Juin 1984 au Madison Square Garden. Le public, surexcité a vandalisé la salle en balançant les feutres et autres coussins des sièges sur la scène. Certains brandissaient des pétards. Il y eut des affrontements avec la police anti-émeute à la fin. Bref, au final plus de 250000 $ de dégâts, et le groupe banni à vie de cette salle.
(*1") Par contre, la version "officielle" racontée par le DJ annonceur local Perry Stone semble être très largement exagérée comme l'atteste le témoignage d'un des photographes présents ce soir-là, Bob Leafe = www.bobleafe.com/layout/Results.tpl?cart=12264178229133&artist=Judas%20Priest&startat=1.

(*2) Si Europe a au final plus le profil des groupes de Heavy européen ayant surfé sur la vague Glam au milieu des 80s que d'un véritable groupe "Hard FM" à la BON JOVI ou autre POISON, leur opus de 1986 porté par son titre éponyme a tellement marqué son époque qu'il en est devenu emblématique.

(*3) Si je salue la démarche (malgré l'intégrisme puritain et malsain des interlocuteurs), qui va à l'encontre des clichés véhiculés par la communauté Metal (qui peut parfois être aussi intégriste que ceux qu'elle combat), il faut reconnaître que le morceau est naze de A à Z... Non à Y, la référence à "... Another Thing Comin'" dans la dernière ligne de parole ("One life And I'm gonna live it up") était une bonne idée d'apaisement je trouve comme pour rappeler à leurs contradicteurs que le groupe s'amusait avant tout et qu'il ne fallait pas prendre leurs textes trop au premier degré et qu'ils savaient composer des chansons fédératrices universelles sans jouer sur l'outrance.

le 21 Juin 2022 par SWISSIDOL


Comme SAXON vers la même époque, JUDAS tente de séduire un public plus large en polissant son Metal. Comme MAIDEN à la même époque, il utilise des guitares au son synthétique. Le résultat est parfois très réussi ("Turbo Lover", "Out In The Cold"), d'autres fois plus contestable ("Hot For Love", "Wild Nights").
Je n'ai rien contre un groupe qui essaie des choses mais il faut que les compositions tiennent la route et ce n'est qu'à moitié le cas ici. 2,5/5.

le 29 Novembre 2021 par TONIO


Je lui aurais collé 1/5 à la première écoute tellement j'ai été décontenancé. Puis finalement au fil des écoutes je me suis fait prendre dans les filets du PRIEST. Cet album n'est pas agressif pour un sou mais les compos sont franchement bien torchées et les refrains s'incrustent bien dans le cerveau. Je le trouve supérieur à l'album suivant, "Ram It Down". Un disque bien incrusté dans son époque et qui a un peu mal vieilli, c'est sûr, mais c'est du Metal commercial de bonne qualité.

le 12 Septembre 2021 par LE MOUNGEPEDOUN


Acheté à sa sortie hiver 86 à l'époque en k7, je l'écoutais tous les jours, et je l'appréciais à sa juste valeur je pense en faisant abstraction du look gominé, et du son américanisé trop à l'évidence.

En effet, cet album désorientait les fans absolus des disques précédents qui firent la gloire et la couleur musicale du combo.

Dès lors, ce "Turbo" se fit descendre en flèche en bonne et due forme...

Pourtant, si on s'arrête à la qualité des titres et à l'interprétation, cet opus mérite largement un quatre étoiles, je le trouve bien mieux réussi que l'encensé "Painkiller" qui, pour moi, a un côté bourrin et non mélodique, trop 'méchant' gratuitement en somme.

le 01 Novembre 2020 par FRED

Au commentaire de Finisherfranky et à titre d'illustration, je tiens à ajouter "United" et sa vidéo à la BBC (visible en ligne sur le site que vous savez) : on dirait un morceau Pop. La volonté de refaire le coup de "We Will Rock You" est évidente, ainsi que le simpliste et Rock'N'Rollesque "Living After Midnight". "Turbo", c'est l'aboutissement de cette démarche, sauf qu'il y va à fond, cette fois-ci, pour tenter d'enfoncer le clou et de ramasser la mise. C'est, dans l'ensemble, une catastrophe assez lamentable. JUDAS sonne par moments comme du mauvais KISS sur cet album. Le vrai JUDAS, pour moi c'est celui de l'US Festival en 1983, celui qui était passé à la télé à l'époque (et oui !) et qui visible sur le site de vidéos en ligne que je disais plus haut.













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