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Judas Priest
Painkiller

le 04 Octobre 2022 par FREDIAN


"Painkiller" est un mythe. Un culte. Une pierre angulaire. Un album qui, au même titre que "British Steel" (*1) mais en plus paroxysmal, a marqué l'Histoire (du Metal hein, n'exagérons rien). Un simple constat : "Painkiller", le morceau, a été repris par ANGRA et DEATH, deux des groupes les plus originaux, dans des styles différents, des 90s. Ça en dit long je trouve sur son impact (*2). C'est aussi une sorte de chant du cygne, la matérialisation définitive de la fin d'une époque : les années dorées du (Heavy) Metal. Les 90s vont ainsi voir s'affirmer et se développer la dernière grande mutation stylistique du Metal (Death, Black, Prog', Power, Groove, Grunge, Indus, etc...) et les géants du Heavy traverseront tous cette décennie de manière chaotique. Pour JUDAS, ce sera le split houleux, l'arrêt (momentané) du groupe qui en plus, va se retrouver, avant même la sortie de "Painkiller" qui sera d'ailleurs repoussée de ce fait, empêtré dans un procès ridicule mais qui non seulement va nuire à son image mais aurait pu avoir des implications terribles pour la musique Metal (*3).

Sur la fin du "Killing Machine Tour", JUDAS avait ouvert pour AC/DC (European Leg) et si le virage stylistique du groupe avait commencé dès "Killing Machine" et que "British Steel" en était un successeur finalement logique, on ne peut s'empêcher de penser que ce partage d'affiche leur avait donné quelques idées. Il en va de même pour la génèse de "Painkiller". SLAYER a ouvert pour le groupe sur les dernières dates américaines du "Mercenaries Of Metal Tour" et comme pour son glorieux ainé de 1980, si "Ram It Down" préfigurait (clairement avec le recul) "Painkiller", on peut également imaginer que les Californiens auront influencé nos chers Brummies.

"Painkiller" intronise le nouveau batteur du groupe, Scott Travis (RACER X), fan du groupe qui va réaliser son rêve en les rejoignant (*4). Et pour marquer le coup, c'est lui-même qui lance les hostilités sur le titre éponyme avec cette intro de batterie (devenue culte), double grosse caisse en avant. Les présentations sont faites d'entrée, Scott n'est pas là pour rigoler et va insuffler une agressivité à la musique du PRIEST qui n'a jamais été aussi vindicative. Les guitares sont acérées tels les crocs du Metal Monster qui orne la pochette et le chant de Rob ultra agressif. "Painkiller" poursuit la tradition PRIESTienne des openers flamboyants. C'est un morceau très bien construit, riffs, ponts, thèmes et soli s'enchaînent avec fluidité pendant plus de six minutes. Un grand titre. Assurément.

La production à la fois moderne et brute de Chris Tsangarides (pas un inconnu du groupe puisqu'il était ingénieur du son sur "Sad Wings...") tranche avec le côté synthétique des deux précédents opus et les astuces de Chris boostent la puissance de l'album (e.g. Don Airey (*5), ici claviériste de session, a doublé toutes les lignes de basse au Minimoog pour mieux rendre compte des basses (les sons) (*6)). Revenons un instant sur la pochette qui recycle l'ange déchu de "Sad Wings..." (un clin d'œil au retour de Chris ?) dans une version robotique qui chevauche une moto au corps de dragon avec des scies circulaires en guise de roues. Le "painkiller" s'inscrit dans la lignée des héros fictionnels SF made-in JUDAS (à mi-chemin entre Robocop et Freezer ? huhu). Mais la combinaison de cette "cover" furieuse (*7) et de cette entrée en matière tambour battant servie par une production puissante est trompeuse quant au propos musical de l'album, plus diversifié qu'il n'y paraît.

D'autant que "Painkiller" est, à l'image de "Defenders...", très mal construit, ce qui exacerbe son côté monolithique. À nouveau, le parallèle avec "British Steel" qui s'avère plus varié que prévu quand on le dissèque, est frappant (*8). Si on raisonne en terme de vinyle ou de K7, on a une side A sans réel répit, violente, agressive, Speed Thrash avec pour seule respiration un "Hell Patrol" qui, malgré un final furieux (*7), vient tempérer quelque peu les ardeurs extrêmes du titanesque title-track, et une side B beaucoup plus nuancée qui ralentit les tempi et laisse plus de place à Don Airey pour développer des atmosphères qui, si elles sont plutôt sombres et inquiétantes ("Nightcrawler", "A Touch Of Evil"), aèrent le propos musical globalement jusqu'au-boutiste de l'album. La contribution de Don traduit aussi la volonté du groupe de sonner moderne, il a ainsi parsemé l'album de petits bruitages bien sentis (explosions sur "All Guns Blazing", marteaux percutants sur "Between The Hammer...", cloche sur "A Touch Of Evil", etc...).

À l'exception du titre éponyme, je trouve cette face B bien plus intéressante et réussie que la face A qui comporte quelques lourdeurs ("All Guns Blazing", "Metal Meltdown"). Au-delà des tempi ralentis et de l'apport de Don, on retrouve d'excellentes lignes de chant (e.g. refrain et pré-refrain sur "Night Crawler", couplets sur "Between...", toutes sur "A Touch Of Evil"). "Between..." se permet même une double référence à la discographie du groupe entre son riff évoquant la période "Screaming..."/"Defenders..." et son enchainement lié à "A Touch Of Evil" (ce qui n'avait plus été le cas depuis "Sin After Sin" si je ne m'abuse). "A Touch Of Evil", c'est LA pépite de l'album, co-écrite avec Chris Tsangarides (on en redemande des participations de ce niveau). L'habile mariage d'un riff lourd invitant au headbang et d'un refrain mélodique qui pousse à accompagner Rob. Et cette partie médiane qui porte les soli est une pure merveille. Enfin, une fois n'est pas coutume, JUDAS termine son album par un moment fort. "One Shot At Glory" et son intro instrumentale "Battle Hymn" est un hymne Heavy-Speed en puissance au refrain fédérateur qui a sans doute fait des émules parmi les formations Power Metal.

À l'heure où le Thrash atteint son apogée ("Seasons In The Abyss", "Rust In Peace") et les studios Morrisound ("Altars Of Madness", "Spiritual Healing", "Piece Of Time", "Eaten Back To Life", "Cause Of Death", "Harmony Corruption", "Deicide", etc.) et Sunlight (e.g. "Left Hand Path", "Sumerian Cry") répandent le Death sur la planète Metal (accompagnés notamment par le label Earache qui lance quantité de groupes Death/Grind e.g. MORBID ANGEL, NAPALM DEATH, ENTOMBED, CARCASS, BOLT THROWER, etc.), JUDAS PRIEST, qui fait figure de vétéran, réussit à se mettre au niveau en poussant le Heavy à ses limites. Cette attitude, qui aurait pu paraître ridicule, accouche d'un album paroxysmal, adoubé par les jeunes d'alors (ce qui est une performance en soi), prouvant à nouveau le talent et la capacité d'adaptation du groupe. JUDAS PRIEST, c'est un peu le grand-père qui surfe sur son smartphone. Le revers de la médaille c'est que "Painkiller" finira par quelque peu occulter la discographie passée du groupe et deviendra une référence très peu représentative (et peu recommandable) de sa carrière. "Painkiller" est un aboutissement. Mais le chemin, entamé seize ans plus tôt, pour y parvenir est tout aussi passionnant et bien plus révélateur de l'essence même du groupe.

La réédition 2001 de l'album propose un inédit, la pseudo-ballade "Living Bad Dreams", un bon titre qui aurait aéré davantage l'album et mérité un chant plus conventionnel de Rob ; là je le trouve gâché par ce chant suraigu qui frise le ridicule sur le refrain. Et une version live de "Leather Rebel" qui dépote mais montre aussi les limites de ce chant suraigu et agressif.


Note : 4,5/5 arrondi à 5/5 pour l'Histoire (*)

Le monument: "Painkiller"
La pépite: "A Touch Of Evil"
Le "hit": "Nightcrawler"
Le final épique: "One Shot At Glory"

(*) Je copie/colle (et rectifie) ma remarque sur "British Steel". Personnellement, je lui mettrais plutôt 4/5 à cet album que je trouve tout de même un peu surestimé. Mais je ne peux nier son importance et son influence Historique.

(*1) KK Downing estime que pour JUDAS PRIEST et, par une extension prétentieuse mais pas complètement erronée, pour la musique Metal en général, tout ce qui a précédé "British Steel" consistait à atteindre cet album et tout ce qui a suivi en résultait.
Lien : https://blabbermouth.net/news/k-k-downing-on-british-steel-that-was-the-album-for-judas-priest-that-consolidated-everything

(*2) L'impact de "Painkiller" ne fut pas immédiat. Entre le procès des messages subliminaux, la guerre du Golfe qui éclata à la fin de l'été 1990, soit à la sortie de l'album et le départ de Rob à la fin du "Painkiller Tour", qui entraina un hiatus de cinq ans, les ventes de l'album restèrent modérées et avec le manque d'actualité et de visibilité du groupe, l'impact de "Painkiller" tendit même à s'estomper. Si son influence "artistique" au sein des sphères Metalliques fut évidente, le retour aux affaires du groupe avec "Jugulator" (et leur nouveau chanteur Tim Owens) relança ses ventes et finit par octroyer le statut qui est le sien aujourd'hui.
Lien : https://www.invisibleoranges.com/the-making-of-judas-priest-painkiller/

(*3) Dans le contexte de l'époque avec le PMRC (responsable des stickers "Parental Advisory: Explicit Lyrics") qui s'offusquait de l'influence néfaste des contre-cultures populaires (dont le Metal), le fameux procès (très médiatisé) de l'hypothétique message subliminal dans "Better By You Better Than Me" aurait pu tourner vinaigre si le juge n'avait pas finalement rejeté ces allégations. Quid des implications sur le monde du Metal ? Chansons/albums bannis, groupes interdits de se produire sur scène, maisons de disque refusant de signer des artistes trop sulfureux, etc.
Lien : https://www.loudersound.com/features/how-a-suicide-pact-was-almost-the-end-of-judas-priest

(*4) Lien : https://www.invisibleoranges.com/the-making-of-judas-priest-painkiller/ (2ème partie)

(*5) Cozy POWELL, RAINBOW, BLACK SABBATH, Ozzy OSBOURNE, Gary MOORE, WHITESNAKE entre autres participations.

(*6) Lien : https://www.invisibleoranges.com/the-making-of-judas-priest-painkiller/ (4ème (fin) et 5ème partie)

(*7) Qui convoquent les Furies, divinités romaines infernales.

(*8) Je trouve intéressant de remarquer que ces deux albums archétypaux sont très souvent cités par les fans comme leurs préférés (ils trustent en tout cas les top 3), comme si finalement la majorité plaçaient au second plan la caractéristique principale du groupe : sa constante évolution qui amène "Rocka Rolla" à "Demolition" presque logiquement.

le 26 Juillet 2022 par IRONGE_MAIDENT

Le Prêtre Judas hein une carrière longue comme les bras et qui carbure au Heavy Metal le vrai le pétrole rouge comme les feux des enfers. Quoi que il est loin le temps d'où le Prêtre était un drôle de hippie les cheveux long et j'en passe. Ici de l'Oiseau tout fait de métaux jusqu'au Metallian, éructe au loin un monstre, une machine de guerre au allure d'Immortel. Même Nostradamus ne pouvait se douter de la déflagration sonore de milliers de soleils aussi puissants qu'une bombe atomique. D'autre verrons l'engeance du Prêtre comme étant une hérésie ils le suppureront et vont le pourchasser fourche en mains. Or, qui sont ces Hérétiques qui profanent cette Bête Noire qui erre encore aujourd'hui les rues sombres. N'entache pas qui veut de cet album fait par une côte de Dieu. Une côte succulente baignée à même les sangs des gens des hordes qui voudraient avoir une part, mais qui n'en n'auront jamais le goût ni moins l'assiette.

Cet album est la limite suprême du Heavy Metal.
Juguler tout les cou trop faible il est.
Un Ânge Du Châtiment.
L'éternel Rédempteur d'Âme.
D'une Puissance de Feu le phare.
Une machine Le Painkiller.

Aux Défenseurs de la Foi ployez genoux devant ce colosse !

Note Puissance Soleil.

le 12 Juillet 2022 par BLUEMASK


De très bonnes intentions, des morceaux excellents, mais...
- une production franchement too much, et qui a mal vieilli. c'est lourdingue, clinquant, tape-à l'oeil. franchement éreintant. Le disque ne dure que 45 min, durée parfaite, mais cette prod vient à bout de notre patience bien avant
- quelques titres bien laids, comme la dernière track
- une pochette franchement laide aussi. Merde, ça compte une pochette, dans le Rock et dans le Metal en particulier. Ceci dit, cette pochette est l'exact reflet de la production, c'est cohérent

C'est vraiment dommage, car encore une fois, 80% des titres sont des tueries.

le 09 Juillet 2022 par LAPOINTE


Je n'aimais pas du tout le groupe avant. La voie d'Halford me tapait royalement sur les nerfs. Et puis j'ai lu la Kro- express de Canard WC, et bien entendu je n'ai pas suivi son conseil, et j'ai commencé avec cet album. Le coup de foudre instantané. Depuis je me suis procurée tous les albums du groupe, et à part "Rocka Rolla", j'aime tous leurs albums. Oui même ceux de Ripper.

Mon fils à suivi mon conseil, commencer par "Painkiller", et lui aussi est fan du groupe aujourd'hui.

Mon top 3 :
1. "Painkiller"
2. "Screaming For Vengeance"
3. "'98 Live Meltdown" (la performance de Ripper est magistrale, le meilleur album live du groupe)


le 06 Juillet 2022 par SWISSIDOL


Je suis surpris de voir que ce monument ne fait pas l'unanimité sur ce site. Car enfin, de "Painkiller" à "Night Crawler", ce disque est parfait. Petite baisse de régime en fin d'album mais, dans l'ensemble, il est excellent. Je le place sur le podium de JUDAS aux côtés de "Defenders Of The Faith" et "British Steel"













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