“Take No Prisoners“ est l’album d’aucun excès et de tous les milieux. Parfaitement maîtrisé de bout en bout, aucune surprise ne nous attend. Au bout de trente seconde, on sait exactement où les morceaux vont nous mener et comment ils vont se terminer.
Pourtant, c’est loin d’être désagréable de se laisser bercer-berner par ces compositions plus ou moins en mid-tempo toutes structurées à l’identique : court solo introductif qui mène au premier refrain puis solo placé pile-poil au milieu, parfaitement exécuté puis on repart en ligne droite jusqu’à la fin. Du talent, mais peu d’inspiration sur l’ensemble de ces dix compositions que le manque de variation empêche systématiquement de franchir la barre des 4 minutes.
De plus, le groupe semble avoir quelques difficultés à composer ensemble sur cet album : les meilleurs titres sont réalisées par un unique musicien, le bassiste Banner Thomas sur “All Mine“, qui est la composition la plus heavy et qui est le seul titre à proposer une véritable variation de rythme, Steve Holland sur “Power Play“ ainsi que l’indispensable Dave Lhubek sur “Lady Luck“ et “Dead Giveaway“.
Dès que les morceaux sont le fruit d’une collaboration, ceux-ci deviennent assez quelconques, voire mous et empâtés. Comme si chacun d’entre d’eux ne voulait vexer aucun de ses collègues, ne voulait froisser personne.
Encore un défaut assez important selon moi : les titres sont disposés de façon trop hétérogène : les trois titres rock’n’roll en ouverture (dont la reprise “Long Tall Sally“ – préférez la version de 1956) auraient pu être disséminés de manière éparse, ce qui aurait contribué à amoindrir la linéarité de l’ensemble.
Et trois guitaristes ? Ne serait-ce pas un peu exagéré compte tenu de la simplicité des morceaux ? Le clavier, qui est ici, il est vrai, considéré comme un instrument additionnel plus que comme un véritable poste à part entière à bien dû mal à surnager car la plupart du temps on l’entend à peine.
Du Rock Sudiste de bon aloi auquel on va adjoindre l’adjectif hard pour être sympa car il est vrai que certains soli sont très incisifs. Du Hard Rock sudiste qui est plus utile que bon. Si vous voulez connaître vos bases et apprendre ce qu’est ce style, alors “Take No Prisoners“ qui porte bien mal son nom, sera, pour vous, le parfait petit manuel.
Après, vous pourrez passer à LYNYRD SKYNYRD ou BLACKFOOT et vous sentirez la différence.