Purée... J'ai vu ce groupe en concert cinq ou six fois, et j'ai jamais fait un commentaire sur leur premier album, toujours à ce jour la perle de leur discographie, ou aucun autre d'ailleurs ?
HAKEN c'est désormais considéré comme la révélation affirmée et le renouveau du Metal Progressif, et d'ailleurs le seul groupe officiellement adoubé en tant que tel par Mike Portnoy ex-DREAM THEATER. Rien que ça.
Quand ce CD "Aquarius" est sorti, c'était... Ben pas grand chose, un groupe parmi d'autres sur un label de Prog Rock/Metal. Et pourtant, j'ai rarement écouté un album aussi long et aussi riche en termes de composition, d'arrangements... Il y a de tout, des ambiances magnifiques qui se développent et se succèdent sur chaque titre, sans redite, à tel point qu'un morceau de plus de quinze minutes peu passer comme une lettre à la poste (je dirais même beaucoup mieux qu'une lettre à La Poste, en ces jours de grèves de fonctionnaires et autres gilets jaunes).
Bref, n'attendez pas de riffs ravageurs à tout bout de champ - quoi que "Drowning In The Flood" par exemple soit ultra-groovy et parfois punchy - mais des orchestrations magnifiquement fouillées amenées par Tiego Tejeida aux claviers, des enchaînements de mesures composées assurées par un tandem batteur-bassiste ultra-talentueux, des solos barrés de Richard Henshall...
... Et bien sur une voix unique, celle de Ross Jennings à la fois agile et fragile, parfois rauque, souvent frêle et mélodieuse dans les aigus. Une performance vocale exceptionnelle en particulier dans le cadre d'un premier album, et à une époque ou l'auto-tuning n'était pas utilisé à tout va (n'est-ce pas Ross ? Suivez mon regard dirigé vers le récent "Vector"...).
Je pourrais en parler des heures, l'album n'est pas spécialement digeste au sens où il est long, fourmille d'idées toutes différentes, superbement associées mais qui impliquent de multiples couches de claviers aux sons toujours changeants, guitares agressives ou en nappes ou acoustiques.
Pourtant on peut l'écouter d'un bout à l'autre sans jamais sauter une piste, sans jamais se lasser, en trouvant toujours quelque chose de nouveau sur quoi jubiler même après des dizaines d'écoutes.
Et cet album a tourné dans ma voiture des dizaines de fois, sur de longs trajets qui sont devenus des enchantements. Des milliers de kilomètres de bonheur, vraiment, parfois de jubilation, de larmes aux yeux devant la beauté de certains passages (de 2:30 à l'entrée de Ross a 4:00 sur "Celestial Elixir"... Qui fait dresser les poils à chaque fois !).
Attention chef d'oeuvre. Le mot n'est pas galvaudé. HAKEN sera par la suite incapable de retrouver ces sommets, s'en approchant sur le magnifique "Visions", malheureusement sur la pente descendante depuis "The Mountain" à mon humble avis.
