AVATARIUM poursuit sa route contre vents et marées. Cependant, et à ma grande surprise, la prise de distance de Leif Edling, pour raison de santé, se révèle salutaire. Le poids pesant du maître du Doom semblant moins prégnante, cela permet au groupe de s'approprier sa propre vision de ce style musical. Et cela explose à la face. D'autres influences font leur apparition, comme RAINBOW sans aucun doute sur "Lay Me Down" ou "Great Beyond" dont on reconnaît les splendides inspirations respectivement de "Catch The Rainbow" ou "Stargazer" (l'orgue Hammond si caractéristique de l'autre DEEP PURPLE Jon Lord troublant l'influence de ce morceau à seulement RAINBOW). L'excellent "Epitaph Of Heroes" aurait du clôturer l'album mais le groupe a sûrement voulu terminer sur une note plus calme et touchante avec le minimaliste "Stars They Move". Bon choix aussi. L'album est lourd, moins dynamique, mais finalement plus passionnant que les deux précédents, qui m'ont semblé moins réussis.
Jennie-Ann poursuit son parcours sans faute, avec notamment une maîtrise exceptionnelle des variations de sa voix et son association avec Marcus Jidell est manifeste. L'émotion passe par la chanteuse, qui est capable par une ligne de chant d'assommer l'auditeur captivé.
Cependant, il est impossible de passer sous silence la fabuleuse rythmique qui est essentielle à la réussite d'un album de Doom car c'est la pierre angulaire du style. La complicité entre Johanson et le guitariste/bassiste (qui assume pour la première fois les deux postes) fait plaisir à entendre car elle est implacable dans son exécution et jouissivement Heavy. Il était à craindre que la mise en retrait de Leif Edling soit préjudiciable au son du groupe mais il n'en est rien. Ce qui prouve aussi que l'ancien patron de CANDLEMASS avait passé la main depuis déjà quelques temps.
En grand fan de Jon Lord, un petit mot sur Rickard Nillson dont le deuxième prestation avec le groupe solidifie la rythmique du groupe comme l'immense Anglais avait caractérisé le son si particulier de DEEP PURPLE. Ce garçon a du talent, nul doute qu'il réalisera de grandes choses, sa performance avec le Hammond étant remarquable.
Si le premier album était la propriété de Leif, et qui est à mon sens plus réussi que ses deux successeurs, "The Fire I Long For" revient à l'essence d'un style musical où la lourdeur des riffs mais aussi l'implacable rythmique gluante et poisseuse restent les marqueurs imposés. Alors s'il manque un peu de morceaux rapides, la qualité générale répond au cahier des charges, variant toutefois grâce à l'apport d'un Blues originel, et le plaisir est total.
Une très belle réussite.