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Angellore
Errances
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le 17 Février 2016 par JULIEN


Si les bruissements émanant des terres du Doom mélancolique doivent parfois cheminer avec peine à travers le grand fracas des apôtres du Metal, nul doute que les premiers pas d’ANGELLORE « dans les vallées éternelles » savent raviver le souvenir enivrant des odes tramées jadis par les explorateurs des brumes. Ces trois âmes françaises présentaient avec "Errances" leur premier recueil poétique tissé de romantisme, tout entier dédié à la contemplation des anges de granit veillant les défunts, versant dans la beauté spectrale des natures mortes baisées de neige, secouant de rage poignante l’absurdité de ce monde et ses fantômes malveillants. Et les déambulations de ce Doom aux fins voiles atmosphériques parés de gothique ne sont pas sans déposer des traces gratifiées de persistance sur la toile vierge propice à l’onirisme que Walran, Rosarius et Ronnie déploient, agitée ici et là de quelques caresses de violons ourlées par Catherine Arquez.

D’aucuns redouteraient ici les écueils et lourdeurs que l’on peut prêter au genre, la monotonie plombante et les morceaux interminables embués de platitudes sentimentales, les notes naïves qui se voudraient déchirantes mais ne parviennent qu’à agacer à vouloir extirper les sanglots du cœur de l’auditeur à grand renfort de riffs évidents et de mélodies à la larme facile. Il n’en est rien ici, heureusement.

Bien évidemment, ANGELLORE puise dans un vocabulaire offert aux tourments de la mélancolie, aux accents de la douleur et à la fréquentation des territoires endeuillés que d’éminents compositeurs ont déjà convoqué et brassé au risque de les dépulper de leur sève ; sans doute ne sera-t-on pas étonné d’entendre ces guitares frissonnantes, tantôt fragiles, tantôt rugissantes, matérialisation des âmes écorchées, s’entremêler aux gouttes de piano et s’envelopper de claviers ; de fait, l’arpenteur coutumier du genre musical évoqué n’ira pas forcément de surprise stupéfiante en révolution déroutante, l’ouvrage "Errances" semblant attaché au respect d’un certain héritage… mais que ce premier ouvrage touche juste et sait ouvrir grand les portes de l’émotion que l’on quête en choisissant de les entreprendre !
Cet opus possède selon moi l’indéniable qualité de maintenir l’attention et évite habilement les flottements, voire même l’assoupissement, en maniant avec talent l’alternance des langueurs et des révoltes. Le chant maîtrisé et grondant de Walran offre le contre-point idéal aux chœurs solennels, complaintes lyriques et autres récitations douces, qu’on pourra trouver parfois hésitantes ou maniérées, mais qui dégagent des espaces d’émotion prometteurs. Et quand le piano capte la lumière, c’est pour mieux laisser les guitares et la batterie, assurées et justes, lui donner la réplique et remplir l’écrin de morceaux qui y gagnent en relief et dynamique, facilitant l’immersion. Ce bel équilibre profite clairement à l’écoute et honore la palette des sentiments en ne confinant pas l’expression de la tristesse, de la douleur et de la perte à la seule pesanteur exclusive d’un Doom monolithique. Ici se pressent au contraire languides atmosphères, guitares encordées d’éther et travaillées de chorus résonnant, martèlements telluriques, gorges habitées de désarroi hurlé, et frissonnant souffle des violons.
Un bien bel ouvrage que l’on se plaît à compulser encore et encore et qui laisse espérer d’autres ouvrages de qualité pour ce très digne groupe de talent.













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