Un avis rapide qui suit la ré-édition 2013 largement justifiée de cet iconique "A Predator's Portrait", parfait exemple du savoir-faire manifeste de SOILWORK, étant en profondeur ce que sa suite "Natural Born Chaos" est en grandeur - les deux albums se complétant très bien l'un et l'autre. "A Predator's Portrait", donc, c'est un album corsé comme du café, bien couillu - notamment sur sa première moitié, avant que s'engagent des airs plus aérés sur la seconde, après le brutal "Grand Failure Anthem", et dont certains même imitent (volontairement ?) la patte de Devin Townsend (soli de "Grand Failure Anthem" et "Shadowchild"), ce dernier participant d'ailleurs au casting de "Natural Born Chaos" en tant que vocaliste. La sonorité est relativement sèche tout au long de l'album, le style bâtard et doomesque bien maîtrisés dans cette recette Death et mélodie qui atteint ici une teneur particulièrement serrée, une harmonie confinée qu'on ne retrouvera sur aucun autre album suivant celui-ci, équilibrant avec singularité l'obèse et l'élancé, le sale et le beau. Est-ce là, tout simplement, une pièce unique, issue du travail d'artisans minutieux qui peuvent donner naissance à des œuvres singulières qui ne prennent pas de ride.
Je ne sais pas s'il s'agit ici de mon album préféré de SOILWORK - il faut dire que j'aime beaucoup "Stabbing The Drama" et le dernier "The Living Infinite" -, mais quelques détails m'empêchent toutefois de considérer "A Predator's Portrait" comme une pièce maîtresse d'une maturité absolue, notamment sur cette fameuse seconde partie, à partir de "Structure Divine", où certains refrains se font un peu trop mous du genou (sur "A Predator's Portrait" par exemple, ou "Shadowchild" empruntant des sonorités un peu "ados" malgré un merveilleux solo Townsendien). En fait je pense que ce goût de légèreté est dû au chant clair qui se fait ici trop retenu et laisse sentir que le style brutal aurait dû dominer sur ces quelques élans de légèreté (du moins c'est ce style brutal que j'aurais aimé plus entendre de cette galette). Fort heureusement ces quelques faiblesses de chant et de refrains sont largement redressées sur "Natural Born Chaos", celui-ci, toutefois sujet à un format peut-être plus convenu et d'une maigre durée de 40 minutes, étant infusé d'une belle et imposante aura qui pour le coup met tout le monde d'accord sur le talent du groupe - d'où le fait de dire que les deux albums cités ici se complètent parfaitement.
Deux sympathiques titres en concert clôturent l'édition dépoussiérée de "A Predator's Portrait" (douée d'une belle et méchante pochette), histoire de faire plaisir au fan et aux autres tout en démontrant l'excellence si ce n'est singularité de cet album au sein de la discographie (très) variée de SOILWORK.
Ma note : 4,5/5.