Qu'attendre de Vince Neil, symbole vivant du glam rock hollywoodien écervelé tendance eighties, en 1995 ?
Une pathétique tentative de résurgence des délires des années 80 ?
Un album faussement festif tendance sex, drugs et rock'n'roll ?
Même ses ex-petits camarades avaient compris que cette ère était provisoirement révolue comme en témoigne leur disque éponyme enregistré avec Corabi.
En 1995, qui l'eût cru, Vince Neil sort un opus résolument moderne et intemporel à la fois.
Avec les Dust Brothers à la production et un excellent groupe comprenant le très bon Vikki Foxx à la batterie et le bassiste Robbie Crane, le chanteur de Girls Girls Girls effectue un inattendu virage à 180 degrés.
Le guitariste Brent Woods assure comme un beau diable à coups de riffs Sabbathiens inspirés, obsédants, et de soli fulgurants, comme sur le vindicatif "Writing On The Wall".
Ce Metal industriel technoïde, qui laisse la part belle aux samples et autres effets modernistes, distille une noirceur hargneuse qui surprend l'auditeur.
"Breakin' In The Gun", "Make U Feel" sont malsains à souhait.
Citons aussi l'énergique et saignante "One Less Mouth To Feed"...
L'émouvante "Skylar's Song", petite perle pop égarée dans ce vaste pandémonium, permet à Vince de rendre hommage à sa fille, emportée par une atroce maladie.
"The Rift", ballade sépulcrale, transcendée par un solo prenant et inspiré, clôt ce surprenant "Carved In Stone".
Vince Neil nous démontre magistralement qu'il peut exister sans MÖTLEY, sans Steve Stevens et sans les paillettes superficielles d'antan.
Un album risqué et novateur restituant ce que les nineties pouvaient avoir de meilleur.