Je dois l'avouer, voici une bien belle chronique pour un bien mauvais album. Mais à quoi s'attendre, a priori du moins, face à un tel artwork au goût plutôt douteux (1)? À quoi s'attendre, encore, lorsque rien n’attire l’attention et que, tout le long de l'écoute, on se prend à observer l'aiguille des secondes parcourir un cadran quelconque?
Et à force de m’ennuyer, pour rester poli, voici que je songe que cet album, Adrien Deume, l'un des malheureux et pitoyables héros de "Belle du Seigneur" d’Albert Cohen, s’en serait certainement débarrassé en l'offrant à un membre de catégorie "B" du service international où il s'ennuie à longueur de journée; et le pauvre subordonné aurait été encore contraint d'en vanter les inexistants mérites, dans l’espoir fou d’obtenir une promotion. Ne cherchez pas d'où me vient ce rapprochement saugrenu, ne me questionnez pas non plus sur la genèse d'un tel télescopage entre une référence littéraire somme toute classique et l’appréciation subjective d’un album de metal lambda, je ne la connais pas moi-même, il me suffit en réalité que le temps passe et que la fin de l’album se rapproche...
La note est donc, en définitive, méritée, la musique faisant bien trop songer à ces parfums aux senteurs trop vite évanouies dès le flacon ouvert, et c'est bien dommage, parce que j'attends beaucoup du Black Sympho en général, en particulier lorsqu'il s'agit d'oeuvres de la trempe du "Spiritual Black Dimensions" de Dimmu Borgir, d'Obtained Enslavement période "Witchcraft" et "Soulblight" en passant par Mystic Circle (old) et bien d’autres encore. Au point d'être tenté d'allumer parfois une étoile en rab’ au moment de la notation. Mais… chut!
(1) Roland Barthes, dans le petit texte intitulé "Photos-Chocs" tiré de son ouvrage "Mythologies", définit ainsi la photographie manquée - autrement dit celle qui, sans être laide, jamais ne méritera le titre de chef-d’œuvre: la photographie manquée, c'est celle qui transcrit "trop bien" ce à quoi le photographe a songé, ou voulu faire songer, ne laissant donc en définitive aucune possibilité au spectateur de son œuvre de l’interpréter à sa façon. La réflexion de Roland Barthes valant, mutatis mutandis, pour toute œuvre graphique en général, sa réflexion vaudrait d’être méditée par bien des concepteurs d’artworks…
Note réelle: 1.5/5