WOLVES IN THE THRONE ROOM nous revient cette année après un E.P Looming Resonnance qui me laissait présager le pire. Soulagement : le niveau est tout autre ici. Comment succéder au cyclique et magnifique Two Hunters, comment garder cet art des riffs imagés, désespérés, vindicatifs, et rédempteurs ? Comment conserver cette subtile alchimie lyrique qui faisait tout son cachet, entre contemplation naturaliste, pureté et purification des affects ? Comment succéder du mieux possible à cette longue course, belle à en pleurer, aux transitions et au fil d'Ariane musical bouleversant, jusqu'au bout de nous même et de l'Homme, vers la consommation finale ?
On reprend le romantisme jusqu'alors insaisissable et les structures progressives de Diadem Of 12 Stars, on garde le grain aquatique des guitares en le fluidifiant un peu plus : on dénote la même tendance aux multiples miroitements, aux reflets sélénites, aux opalescences aquatiques si caractéristiques d'un groupe décidément fort inspiré de naturalisme. Ce qui frappe très vite lors des premières écoutes, c'est ce petit côté "artisanal" des précédents albums un poil moins marqué, pour un disque globalement plus professionnel : une musique plus noble, plus sûre de sa force et surtout, plus travaillée et maîtrisée. Moins "spontanée" je dirais.
A l'instar des dédales et des structures quelques peu branlantes d'un Diadem souffrant d'un jeu trop approximatif, ici nous avons globalement affaire à du carré, à une certaine volonté de fignolage. Une batterie variée, juste, dynamique qui fortifie plus sûrement l'ensemble, un chant mis plus en avant, des changements de riffs en général plus fréquent, et surtout, une propension nouvelle à l'ambiant et aux touches psyché (Ex Cathedra dans sa deuxième moitié, idem pour Ahrimanic Trance ), appréciables mais dont le potentiel évocateur me laisse froid pour ma part. Dans l'ensemble, il y a d'excellentes idées, de très bons moments, mais voilà : si les chansons sont dans plus longues, les "justes-bons" moments l'emportent globalement : WITTR assure, un poil moins inspiré sur la longueur : Crystal Ammunition est passable avec un gros passage à vide peu avant sa moitié, et se répète trop jusqu'au final enchanteur qui se noie dans une sorte de drone/ambiant du plus bel effet.
3 morceaux qui tuent leur maman, Ex Cathedra en tête, parfait de bout en bout, et un seul à mon goût trop faiblard. Néanmoins, j'ai comme une intuition : dénué d'un fil d'Ariane précis, cet album semble montrer plusieurs faces d'une même idée, plusieurs reflets d'une même ombre. Assez énigmatique... et réjouissant : WITTR reste WITTR, même en se professionnalisant, un son unique, poétique, un artiste unique. Puissent-ils continuer sur cette voie, et nous abreuver de leur musique si caractéristique dans le monde du Black.