Un album que j'avais déniché en vinyle neuf dans un bac à solde, l'année de sa parution.
Vingt-cinq ans plus tard, je vois la chronique qui déboule sur NIME, alors forcément, ça m'a incité à le réécouter.
À l'époque, c'était le commerce des CDs qui était privilégié, du coup sur mon édition vinyle j'ai deux titres en moins.
Il manque donc "Light In The Windows" ainsi que le remix de "Ceremony" par DIE KRUPPS, et c'est tant mieux, car ces deux plages n'améliorent en rien l'album. Je dirais même que je les déteste.
Le son du vinyle est un peu plus agréable que la version CD, mais c'est un album très hétéroclite, à mon avis seuls deux titres méritent d'être considérées comme des hits :
1 : "Don't Mistake It For Love" Glam Metal très catchy, dans le genre du "Hungry" de Lita FORD mais en plus agressif. Ici Doro utilise sa voix Metal comme à l'époque de WARLOCK, non seulement avec une aisance déconcertante, mais de surcroît, avec une certaine arrogance, ce qui convient parfaitement à ce titre en particulier.
2 : "In Freiheit Stirbt Mein Herz" Très easy listening avec des arrangements de claviers dans le style des ballades d'Elton JOHN, où Doro utilise judicieusement sa langue maternelle pour mieux faire passer l'émotion.
Pour le reste des titres, on assiste à une tentative de modernisation qui consiste à faire copuler le Glam Rock américain avec le Rock Industriel allemand.
Un virage stylistique qui a été taillé sur mesure pour mettre en valeur la signature vocale de la patronne. Sur ce point, on n'est pas déçu, et on reconnaît bien la patte de Jack Ponti sur les refrains.
Faisant suite à un album live chaleureux et de bonne facture, le changement d'ambiance est radical.
En totale opposition avec "All We Are" ; ce bon vieux slogan destiné à enflammer le public des festivals de Metal en plein air ; voici maintenant "Tie Me Up" qui nous projette directement dans la pénombre glauque d'un night-club gothique.
Ce titre est quand même un peu embarrassant, surtout en ouverture d'album. La chanson étant déjà suffisamment explicite, ce n'était pas forcément nécessaire d'en rajouter en gémissant dans le micro à la manière de Donna Summer.
La maison de disque a même encouragé la démarche en finançant un remix poétiquement intitulé : (Hard & Fast) avec encore plus de gémissements lascifs.
Et c'est forte de ces encouragements que Doro continue sur sa lancée à développer sans tabou cette thématique fétichiste sur "Machine II Machine" ou "Like Whiskey Straight". Ce registre érotique étant assez éloigné du répertoire habituel de la chanteuse (ses cordes vocales restent celles d'une rockeuse) elle arrive cependant à se montrer très expressive, sa voix se faisant tantôt douce et sensuelle et tantôt âpre et vénéneuse.
En rédigeant ce commentaire j'ai réalisé que sur cet opus "Are They Comin' For Me?" est le seul titre qui parle davantage de géopolitique que du point G. Cette compo, basée sur un petit riff "Kashmir" est malheureusement un peu gâchée par des effets sonores New Wave qui ont mal vieilli.
C'est sans doute le principal défaut de "Machine II Machine", que d'avoir cherché à tout prix à suivre la mode. Mais il était vital à l'époque de tenter de proposer du neuf. Si on fait abstraction de quelques titres de remplissage, c'est encore tout à fait écoutable aujourd'hui.
