C'est bête mais je ne peux que retenir la déception suivant l'écoute de cet album. Je n'ai pas encore "Anima", et je suppose que c'est un tort, mais entre "Mental Torments" et "Unreal", j'ai la déagréable impression que le groupe a régressé et ce selon plusieurs axes:
- Le principal, et celui qui fait que j'ai du mal à remettre le CD dans mon lecteur ou passer l'album dans mon lecteur mp3, c'est la production : je veux bien que, comme dit Spherian, la basse ne soit plus noyée dans le mix, mais le mix en question, apparemment réalisé à Vence en France alors que "Mental Torments" était passé entre les mains de Tommy Hansen, est extrêmement sec, dépouillé, comme s'il n'y avait en fait aucun travail post-enregistrement.
Ceci enlève tout relief à l'ensemble sonore, ça met la voix de Frank Garcia à nu, ce qui en fait n'est pas très flatteur, à tel point qu'on doute que ce soit le même chanteur que sur le premier album, et donne une terrible impression d'amateurisme et de manque de puissance presque exacerbée par le timbre plus rauque qui sonne forcé. Quasi pas de réverb, juste un effet de stéréo ou de chorus, peu de choeurs (et quand on a eu Lars Larsen de MANTICORA derrière ça veut dire quelque chose), les quelques passages harmonisés s'intégrant du coup assez mal et sonnant "cheap".
Pour les mêmes raisons la guitare a un son brut, compressé, qui pourrait mettre en valeur une grosse recherche sur le timbre en sortie d'ampli et de préamp, sauf qu'il n'y a rien de tout cela, grosso modo c'est disto point. Les soli paraissent du coup tout plats et quelconques. N'est pas Ron Thal qui veut (pour trouver quelqu'un qui garde un son nature)...
Les claviers sont eux aussi là quelque part, mais ne soulignent pas le paysage sonore. Ils remplissent. Seule la batterie s'en tire bien avec un bon dosage dans la présence et la puissance.
- Le style a en fait changé, ce qui explique probablement le premier point, ou bien à l'inverse le choix de mix/prod nous fait basculer dans un autre style : en tout cas on n'est plus dans le Metal Progressif, plutôt dans une sorte de Power Metal à tendance Thrash ou Hardcore.
C'est bête, moi c'est ce que j'aime le Power/Prog Metal, et mon oreille est habituée à l'habillage qui va avec. PAGAN'S MIND a fait avec "God's Equation" un album moins prog, plus direct, mais avec un son énorme, et un chanteur qui garde sa signature sonore particulière. CIRCUS MAXIMUS a fait un "Isolate" moins alambiqué mais avec des mélodies et des harmonies extrêmement travaillées qui donnent envie de chanter avec Eriksen, qui n'a pas une voix surpuissante mais qui elle aussi boostée par un mix de grande classe mettant parfaitement en avant la pureté de son timbre.
Bref, contrairement à ce que laisse croire la chronique, on est à l'opposé du Prog/Power nordique, à l'opposé du génial CIRCUS MAXIMUS. Pour moi, malheureusement S.U.E. redevient là un groupe de 3e zone en fond de catalogue d'éditeur et risque de se faire passer devant par bien des jeunes groupes ambitieux venus de nulle part grâce à un premier album rafraîchissant. Je crois aussi que c'est l'exemple le plus flagrant de la différence faite par le mixage, et du talent des gars qui travaillent dans l'ombre sur toutes ces productions du nord de l'Europe - le problème c'est qu'en général cette différence se fait vers le haut entre un premier album et un deuxième sur un label plus prestigieux, cette fois c'est vers le bas.
J'arrive au bout de mon commentaire et j'ai du mal à trouver des points réellement positifs. Je ne peux même pas m'enthousiasmer sur le potentiel scénique du groupe, puisque les ayant vus en ouverture de THRESHOLD et avant SERENITY, malgré la générosité et la sincérité du groupe on ne peut pas dire qu'ils aient déchaîné les foules (une seule gratte sur scène c'est souvent rédhibitoire de toute façon pour moi).
Bref, un des rares groupes français que j'apprécie, que j'aimerais soutenir à 100%, mais qui une fois de plus aura vraisemblablement du mal à franchir le palier, à l'instar d'ADAGIO, qui lui pourtant, ne manque pas d'intérêt au niveau des compositions, se repose sur un son énorme, et qui a plus de virtuosité et plus d'expérience en son sein.
