AHHHHH... "Come Taste The Band" et sa pochette mythique.
Pas besoin de s'énerver pour prendre sa défense, aujourd'hui cet album fait de plus en plus consensus, et pas dans le genre mou, ça non, mais plutôt du type bien solide, car si ce disque a fini par convaincre les fans du Pourpre sur la durée (on en revient à la pochette, cet opus vieillit comme un grand cru, merveilleusement bien), il plaît aussi aux amateurs(trices) de rock en général tant il sait varier les ambiances jusqu'à afficher la part féminine de ses auteurs, sans sombrer aucunement dans la mièvrerie malgré de vraies prises de risque (on pense notamment aux titres de clôture).
Le seul simili reproche qu'on pourrait lui décerner découlerait de la remarque émise par Jon Lord (RIP) il y a quelques temps, lequel trouvait qu'il ne s'agissait pas là d'un véritable album de DEEP PURPLE... Précisons que Jon Lord adorait "CTTB".
Je suis toutefois assez d'accord pour reconnaître que que"Lady Luck" ou encore "I Need Love" préfigurent le WHITESNAKE à venir (voilà pour alimenter le moulin de mr Lord).
Évidemment, on trouvera toujours quelques intégristes pour affirmer que DEEP PURPLE, le vrai, commence avec "In Rock" et finit avec "Made In Japan"("WDYTWA" passant à l'as, lui aussi), tant pis pour eux et sachons nous délecter de cet opus, le premier enregistré sans l'homme en noir, ce qui à la grande époque relevait déjà de l'hérésie.
Tommy Bolin, son remplaçant accomplit un boulot formidable en co-composant une majeure partie des titres présents ici et décochant riffs et soli de tueurs ("Comin' Home"," Dealer", "Owed To G" et que dire de "Gettin'Tighter"...). Bien entendu, le feeling et le groove du guitariste change du tout au tout comparé à celui de son prédécesseur, pas du tout" classissisant" mais porté sur le Jazz Rock ou la Soul, osant utiliser le son clair (le superbe solo de "I Need Love"), et pas seulement sur quelques parties rythmiques.
Il est vrai que ceux qui ne connaissent que "Last concert In Japan" ou même sa réédition remixée et ralongée "This Time Around-Live in Tokyo" ont de quoi être vraiment perplexes vis à vis de ce virtuose, car comme le précise le chroniqueur, Bolin, beaucoup trop porté sur la came fut victime d'une paralysie partielle du bras gauche et se retrouva dans l'incapacité d'assurer ses parties de guitare ce soir là aussi il est franchement honteux d'avoir commercialisé ce Live là qui ne rend pas hommage au bonhomme... À tous ceux qui souhaiteraient (re)découvrir ce fabuleux guitariste, je conseillerais plutôt les forts recommandables "Teaser" et "Private Eyes", éventuellement les albums de James GANG où il figure, voire le "Spectrum" de Billy COBHAM".
Sinon il existe (fort heureusement) des concerts de la dernière tournée de DP édités en CD, et là il n'y a rien à dire concernant le jeu du guitariste (Au fait, était-ce une "obligation" qu'il rejouât les soli de Blackmore à la note ? Steve Morse ne le fait pas non plus aujourd'hui, qui vient s'en plaindre ?) qui imprime son style aux morceaux emblématiques du groupe, par contre il est dommage d'y entendre Glenn Hughes et dans une mesure moindre mesure (quoi que...) David Coverdale se livrer à une surenchère de hurlements qui dénaturent carrément les prestations de l'ensemble.
Revenons pour conclure à ce "Come Taste The Band" qui s'achève de fort belle manière avec "You Keep On Moving", porté vers les cimes par les voix de Coverdale et Hughes qui nous prouvent que quand ils se contentent de chanter, ils sont capabes d'accomplir des miracles et ayons une pensée pour Jon Lord dont le solo d'orgue illumine le passage central de ce titre hautement inspiré.
"Come Taste The Band" marque la fin provisoire d'un des plus grands groupe de Hard Rock de l'Histoire, mais c'est également le dernier chef d'oeuvre de la troupe pourpre avant une éternité et la sortie de "Now What?!" en 2013.