Personnellement, je suis très fan du DEEP PURPLE Mark I avec son côté "swinging London" très typé 60's qui possède le charme addictif que peuvent procurer les bonbons acidulés multicolores.
Chaque écoute nous ramène à une époque où les filles se baladaient en mini-jupe et où les mecs portaient vestes et pantalons de velours côtelés, les deux se rejoignant pour faire la fête dans des "parties" où circulaient de nombreuses substances récréatives au son d'une musique bigarrée dans laquelle se brassaient des influences venues de tout pays et de toutes époques ; dans une sorte de havre fantasmé s'inscrivant dans une fracture du continuum espace/temps qui se dessine aussitôt que le diamant se pose sur les sillons.
Bon, je m'égare mais en fait, pas tant que cela, tant ce disque est une invitation à la rêverie et à l'émerveillement, qu'il est bon de lâcher prise parfois !
La voix très Pop de Rod Evans est pour beaucoup dans ce ressenti, il en émane une douceur lancinante entre graves et médiums du meilleur effet. Depuis ce dernier (qui s'était illustré au sein de CAPTAIN BEYOND) a subi la déchéance de ses droits pour avoir tourné indûment sous le nom de DEEP PURPLE, entouré par des musiciens inconnus... non mais Rod, qu'est-ce qui t'a pris ???
L'autre phare de cette formation est bien évidemment Jon Lord (rip), qui se taille la part du lion en faisant résonner un peu partout l'orgue Hammond encore en son clair, dans un style néoclassique caoutchouteux pour un résultat garanti, moins agressif que celui d'Emerson chez The NICE, moins psyché que Wright (rip) de PINK FLOYD, moins mélancolique que celui de PROCOL HARUM, bien plus complexe que ce qu'on entend sur le disques des ANIMALS…
Bien évidemment, toutes ces références n'ont pas grand chose à voir avec le Hard Rock, d'autant plus que le jeu de basse de Nick Simper reste très Pop lui aussi.
Oui, mais voilà, on a droit aussi aux aux contributions de Ian Paice qui martèle ses fûts comme un possédé et de l'ombrageux Ritchie Blackmore, lequel est moins mis en avant que son compère des claviers, mais sait déjà faire parler la poudre en lâchant riffs et soli endiablés sur sa Gibson ES-335 en mode "Chuck BERRY & Jimi HENDRIX meet J.S BACH", les bases de ce qui adviendra par la suite sont déjà bien solides.
Alors certes, on a affaire à un album à dominante Pop, teinté de British Blues 60's, tirant vers le Prog, mais l'essence de ce qui constituera le Hard Rock en gestation se fait tout de même sentir, même si pour trouver des précurseurs à cette époque pré-LED ZEPPELIN, on ira plutôt chercher du côté des Américains IRON BUTTERFLY pour le côté lourd, BLUE CHEER pour la saturation et la sauvagerie mais aussi des anglais de GUN pour le grain épais et l'agressivité.
Note: 4,5/5.