Ça y est, DREAM THEATER sort son album éponyme. Une volonté du groupe de marquer le fait qu'ils avancent dans leur carrière et faire de ce CD un point de référence pour les fans. Les titres se révèlent globalement courts (moins de 8 minutes), sauf la dernière chanson et ses 22 minutes.
Un album bien meilleur que son prédécesseur, avec une introduction bien musclée et un "The Enemy Inside" dans la même veine, ça dépote bien, notamment grâce à Mike Mangini qui propose ici un jeu beaucoup plus digne d'intérêt car il a été intégré au processus de composition. James Labrie propose un chant nettement plus intéressant que sur "ADTOE", plus rentre-dedans, moins plat. Il module bien plus son chant, comme le montre "Behind The Veil".
Les compositions sont nettement plus variées que sur le précédent effort, elles se distinguent bien les unes des autres. Ainsi, "The Looking Glass", où l'influence de RUSH est évidente, est plutôt calme et très agréable à l'écoute. Il y a une légèreté et un entrain dans ce titre qui nous ramènent à "Images & Words". Dans la même veine, on retrouve la très jolie "The Bigger Picture", très mélodique. Sur ces deux titres, Jordan Rudess fait preuve d'une retenue bienvenue, et on peut en dire de même pour le reste de l'album (sauf pour "Illumination Theory"), ce qui est assez surprenant car il nous a habitués à l'exubérance dans son jeu. "Surrender To Reason est une jolie ballade avec de belles parties de guitare et un soli de clavier atypique et intéressant.
Il n'y a pas que du positif néanmoins dans cet album. L'instrumentale "Enigma Machine" est un déballage de technicité pas franchement emballant ; le groupe a fait beaucoup mieux dans le genre ("Overture 1928", "Stream Of Consciousness").
Quant à la pièce de 22 minutes, qu'en est-il ? Il s'agit d'un titre ambitieux, car le groupe a fait appel à un orchestre à cordes. Cet ensemble donne d'ailleurs l'impression d'écouter la BO d'un film lors de la longue partie instrumentale qui commence à la 7ème minute. Longue partie qui est vraiment très belle. Mais cela ne suffit pas pour autant à faire de ce titre un indispensable des Américains, il lui manque quelque chose qui ne lui permet pas d'atteindre l'excellence d'un "A Change Of Seasons" ou d'un "In The Presence Of The Enemies". Les soli de Petrucci et Rudess donnent trop dans le branlage, ce qui nuit à l'émotion, quasiment absente de ce titre (en dehors du fameux passage de l'orchestre et des dernières phrases chantées par Labrie).
En bref, un bon album, qui rassure après le moyen "ADTOE", mais qui ne peut prétendre à l'excellence en raison de l'absence de titres qui marquent vraiment.
3,5/5