L'artiste misanthrope teinte son monde de couleurs... mais ces dernières ne sont pas vives, le gris se cache derrière, les airs sont faussement joyeux.
Anna Varney danse seule au milieu de fleurs qui sont presque sur le point de faner, elle se moque du monde extérieur qu'elle continue d'observer et de critiquer.
Elle observe l'homme bien bâti qui se baigne dans une rivière, se compare à lui et l'envie même brièvement...
Elle, la créature hideuse rejetée qui souhaite la fin de tout, lui l'homme qui découvre toujours encore de belles choses et qui s'émerveille, lui qui n'a pas de problèmes pour qu'on s'intéresse à lui grâce à son enveloppe, malgré le fait qu'il ne se pose pas trop de questions sur ce qui l'entoure, une naïveté que l'héroïne semble lui envier.
Elle souhaiterait être un savon pour purifier son âme et... se laver le derrière...
Elle qui se souvient d'une promenade avec sa maman, main dans la main, l'aînée constatant la froideur des mains de son enfant, lui disant qu'elle n'aura pas droit à l'amour, car elle est telle une grenouille, sans queue et sans oreilles...
Les paroles de cette mère sont en allemand, le souvenir de ces mots rappelle l'origine d'Anna. (Les textes sont principalement en anglais cette fois-ci).
Elle qui se fiche un peu des filles en évoquant leurs problèmes d'hémorroïdes, malgré leurs allures de sainte nitouche...
Elle qui constate qu'il faut être beau, rasé de près pour plaire, que c'est un effort indispensable pour survivre de nos jours, sinon on connaîtra le rejet.
Elle qui évoque la rareté d'un homme qui soit réellement bon et tendre comme le chocolat, évoquant que la plupart ont cette couleur brune, mais que beaucoup sentent la merde...
Elle qui se met dans la peau d'une reine seule dans son royaume avec quelques sbires qu'on imagine chanter leurs choeurs au sujet de cette reine, à l'extérieur des remparts, car ils s'en fichent d'elle.
Cette reine qui ne semble plus savoir si elle aime encore les hommes, tellement difficile qu'elle est... mais un homme en uniforme ne lui déplairait pas.
Ses sbires appellent des marins, des soldats, des policiers, pompiers etc... mais pas un seul semble intéressé par cette reine qui s'ennuie à mourir dans cette solitude.
Elle qui constate aussi furtivement que le derrière d'un cheval est un sacré morceau...
Toute cette ironie, on la retrouve déjà sur le sticker apposé sur le boîtier du cd, "The Saddest Gay Goth Music Ever".
À l'arrière, on a droit à un détournement du logo "Parental Advisory" qui prend la forme suivante:
"Heterosexual Advisory Transgenital Content".
Un humour particulier que l'on retrouve dans le livret également, plus ou moins décliné tel un catalogue de soins de beauté fabriqués dans la pharmacie "Sopor".
Des soins pour le visage ou pour la peau, du papier toilette humide, du savon, du parfum, un rasoir et même une bouillotte pour les hommes, car ils sont froids lorsque l'amour s'est en allé.
Un autre visage de la Cantatrice, plus provocateur envers le société actuelle.
La qualité musicale est toujours de la partie, les orchestrations sont toujours encore aussi fouillées, si ce n'est plus et les structures sont plus alambiquées qu'auparavant.
Les choeurs d'enfants évoquent la fragilité, le souvenir et les choeurs masculins sont tels des moqueries envers Anna, sa souffrance et ses constats.
Une bien belle oeuvre en tout cas!
Complexe, dense et tellement proche de la vérité...
