Entre un Jeff Kanji qui crie au "Bonnet d'âne" et un Dark Schneider qui hurle au chef d'œuvre (chiffre des ventes à l'appui… mouais…), il se trouve très probablement un milieu juste pour jauger ce disque.
Avec l'arrivée de Bonnet au chant (chanteur repéré par Blackmore depuis l'époque du Mark I de DEEP PURPLE) mais surtout de Roger Glover qui tient la basse, coécrit et coproduit l'album, on assiste à un glissement (d'aucuns diraient une dérive) du groupe vers les horizons ouatés de la musique pour bande FM, ce qui ne peut être considéré comme étant une bonne nouvelle à la base. C'est un fait RAINBOW a gagné plein de nouveaux auditeurs avec cet opus, mais la fanbase n'a pas vraiment accepté le départ et le remplacement de Ronnie par Graham, et allait réserver un accueil triomphal (et mérité) à "Heaven And Hell" du SAB' un an après la parution de "Down To Earth".
Franchement entre "Heaven And Hell" et "Down To Earth", il n'y a pas photo, même par une nuit sans lune en plein brouillard hivernal, mais cela ne fait pas de ce dernier un album mou du genou de médiocre engeance.
Car, oui "Down To Earth" contient pas mal de bonnes choses,et si on fait abstraction de sa production, bien trop lisse (Glover n'est pas un grand producteur, franchement Martin Birch aurait été bien plus inspiré et incisif), on ne peut que se délecter de chansons du calibre de "All Night Long" dans le rôle du single imparable, de "Eyes Of The World" épique à souhait ou encore de "Lost In Hollywood" comme entraînante conclusion.
Et "Since You Been Gone" ? J'avoue ne jamais avoir compris pourquoi ce morceau avait si bien fonctionné… Le groupe reprendra plus tard "I Surrender" du même Russ BALLARD, une chanson bien plus réussie selon moi.
Il n'y a pas de mauvais titres sur ce disque et bout du compte la voix râpeuse et puissante de Graham Bonnet fait des merveilles et finit par booster un ensemble qui semblait parti sur des bases discutables,. N'oublions pas non plus l'apport des talentueux musiciens que sont ou furent Don Airey et Cozy Powell qui constitue une véritable valeur ajoutée à l'ensemble, tant nous n'avons pas affaire à de "bons petits soldats" mais à d'authentiques seconds, capables de prendre leurs responsabilités avec autorité au côté d'un homme en noir au leadership incontesté.
Pour conclure je trouve (contrairement à M Kanji) cet album nettement plus pêchu et intéressant que ses deux suivants, mais qualitativement (contrairement à Dark Schneider) en-dessous de ses prédécesseurs.
Il faudra attendre "Bent Out Of Shape" pour renouer avec une réussite artistique équivalente.
Note: 3,5/5.