Voici ce que m'inspirait ce disque en 2013 (huit ans plus tard, rien n'a changé) :
... des riffs grandioses et totalement inédits jaillirent de la guitare de Tony Iommi, en particulier ceux de "Sabbra Cadabra" et du célèbre morceau éponyme introducteur. On retrouve aussi le traditionnel instrumental, "Fluff", agréable et paisible intermède acoustique, sorte d'hommage à un certain Alan "Fluff" Freeman, l'un des rares animateurs de la BBC appréciant sincèrement le Sab', ainsi que la ballade de rigueur, "Who Are You", hélas alourdie par des synthés flasques et gluants. Ce qui frappe, à l'écoute du disque, c'est la façon dont le groupe a évolué et s'est drastiquement éloigné du son si caractéristique des quatre premiers albums. "A National Acrobat", "Sabbra Cadabra", "Looking For Today" et "Spiral Architect" surprennent par leur ambition, leur densité sonore, la richesse de certains arrangements et la présence d'orchestrations inédites. Le recours à des instruments aussi variés que le piano, le mellotron, le synthétiseur et les cordes enrichissent considérablement la musique du Sabbath Noir qui devient du coup, moins monolithique, plus aérienne. On notera à ce sujet la présence pour le moins inattendue de Rick Wakeman, célèbre musicien de Rock Progressif et claviériste du groupe YES, sur l'impressionnant "Sabbra Cadabra". Il n'en fallut pas plus pour que certains amateurs du groupe se croient obligés de qualifier "Sabbath Bloody Sabbath" d'album "Prog". Le Sab' cuvée 1973 n'en est pas moins l'un des disques les plus fous, les plus originaux de nos Anglais et n'a rien d'une œuvre boursouflée et prétentieuse. Cette évolution est certainement à mettre sur le compte de Tony Iommi, celui-ci ayant toujours été caractérisé par un goût pour l'expérimentation qui ira en s'amplifiant dans les années qui suivront, provoquant d'ailleurs une cassure irréversible au sein du groupe. Le public ne s'y trompa pas, réservant un accueil triomphal à ce cinquième album, tout comme, une fois n'est pas coutume, la critique institutionnelle. "Sabbath Bloody Sabbath" demeure indéniablement l'une des productions les plus achevées du Sab'. Si l'on ajoute à cela une superbe et inquiétante pochette signée Drew Struzan, futur concepteur de celle du mythique "Welcome To My Nightmare" d'ALICE COOPER, on se dit que 1973 fut décidément une grande année musicale.