KREATOR est LE géant du Thrash Metal depuis dix ans. Grandissant en Europe, à l’ombre de ses grands frères américains, la bande à Mille Petrozza faisait beaucoup de bruit pour se démarquer, au point que "Pleasure To Kill" restera à jamais gravé dans l’Histoire comme l’un des manifestes les plus brutaux du Thrash alors à son âge d’or. L’aura SLAYERienne bien présente ne dispensait déjà pas le groupe de s’affirmer par rapport à ses concurrents germaniques, DESTRUCTION, SODOM et HOLY MOSES pour les plus illustres.

KREATOR est grand car il sait prendre son temps (environ trois ans entre chaque nouvelle tuerie) pour nous proposer la substantifique moelle du Thrash estampillé Panzer Division. C’est simple, depuis "Violent Revolution", les troupes Allemandes (oui OK y a un ex-WALTARI en plus dedans) alignent les chefs d’œuvres avec une classe et une régularité qui force le respect. Si bien qu’elles ont annihilé en un peu moins de dix ans toute concurrence possible. Car à part un ANTHRAX qui s’accroche, un TESTAMENT revenu à son meilleur niveau, c’est la jeune garde qui pousse derrière et parmi les tauliers, KREATOR est le seul à tenir son rang de manière aussi remarquable (SODOM n’a pour moi jamais joué dans la même cour).

"Phantom Antichrist" c’est quoi ? C’est un enchaînement liminaire de dix tueries tantôt Speed ("Death To The World", "Civilization Collapse" qui rappelle le SLAYER de la grande époque), tantôt plus mélodiques ("The Few, The Proud, The Broken", "Until Our Paths Cross Again") d’une grande cohérence et d’une belle homogénéité même si "Victory Will Come" est un peu en-dessous et "Civilization Collapse" un peu courant d’air, rattrapant ce qui lui manque d’efficacité par une bonne dose de brutalité qui montre que KREATOR a su évoluer avec son temps sans renier la brutalité presque bestiale de ses débuts.

KREATOR est LE géant du Thrash Mélodique depuis dix ans. "Endorama" avait semé des graines, on les retrouve les temps d’un "Your Heaven, My Hell" avec bonheur et même sur un très Heavy "Until Our Paths Cross Again" bien proche du Heavy Metal (dont le Thrash est un rejeton ne l’oublions pas). La quintessence de "Phantom Antichrist" se trouvera dans sa pièce-titre, alternant bourrinage intensif (ce Ventor, mais quelle machine !) et harmonies de guitares sur rythmique groovy sur lesquels un refrain scandé se destine à être repris par les hordes Thrash du monde entier.

4,5/5.