Que de changements au sein de NIGHTWISH ! Sami Vanska a été limogé, jugé coupable de ne pas être très motivé, en studio et sur scène et il sera remplacé par Marco Hietala. Et là, la bande à Tuomas Holopainen va réaliser le meilleur coup du mercato. À cette époque, Hietala était quasiment un inconnu en France, TAROT n’ayant alors pas percé dans nos contrées et SINERGY faisait surtout le buzz grâce à la présence de Alexi Laiho (CHILDREN OF BODOM, autrement plus bankable alors). Mais le bassiste est également un bon chanteur et il a une véritable présence sur scène. Et ça, Tuomas va l’exploiter de façon assez intelligente sur les albums à venir.

L’ambiance au sein du groupe est à ce moment très particulière. Tarja n’était pas certaine de continuer l’aventure malgré un succès énorme et l’éviction de Sami a laissé des traces. Mais cela n’empêche pas la formation d’entrer en studio afin de donner un successeur à "Wishmaster" et le résultat sera ce "Century Child" en demi-teinte. Ce disque va en effet alterner les coups de génie avec malencontreusement, de sérieux coups de mou qui font que l’album va s’avérer assez délicat à appréhender.

Le premier grincement de dents se fera sur "End Of All Hope", qui reprend les recettes de la chanson "Wishmaster" et qui les applique sans trop le dissimuler. Ensuite, il y a cette triplette agaçante qui commence avec "Forever Yours", gnangnan au possible, pour se terminer à la fin du bien inoffensif "Feel For You", malgré une intervention remarquée de Marco. Quant à "Beauty Of The Beast", elle se transforme en semi-déception, le titre peine à prendre de l’ampleur, à éviter de répéter les plans qui finissent par devenir stériles. Il est bon de noter que les orchestrations sauvent ce morceau de l’ennui total.

Et pour chaque point faible, il y a quasiment toujours son contraire. "Bless The Child" étant l’exception qui confirme la règle, étant un brin poussive. Mais difficile de passer à côté de "Dead To The World", où le duel entre Tarja et Marco fonctionne à merveille, tout comme sur la reprise du "Phantom Of The Opera", théâtrale à souhait. "Slaying The Dreamer" nous rappelle que NIGHTWISH sait se faire Heavy, avec un final apocalyptique qui permet d’apprécier une fois de plus Marco dans ses œuvres. Mais c’est surtout la délicate "Ever Dream" qui fonctionne à merveille, touchante, aussi bien dans sa mélancolie que dans son interprétation.

"Century Child" est donc un album en dents de scie, qui tutoie les étoiles pour mieux raser les pâquerettes l’instant suivant. Dans son déséquilibre, il peut évoquer "Angels Fall First", mais aucunement dans le fond, qui aurait toutefois pu être plus agressif avant cet essoufflement fatidique en seconde partie. Cela en devient rageant, parce qu’il y avait les moyens pour faire quelque chose de bien mieux, avec cette guitare plus Heavy, la présence de Marco qui est un réel adjuvant à la musique de Tuomas. Mais il y a l’inconstance du compositeur, capable du meilleur comme du pire en fonction de son inspiration et cette production qui n’arrange pas grand-chose malheureusement. Une copie à revoir.