J'ai commencé à écouter du Metal autour de 2010. J'y étais déjà exposé quelques années auparavant mais c'est réellement en 2010 que j'ai commencé à chercher de moi-même à en écouter, tournure regrettable des événements qui m'amène aujourd'hui à écrire ces lignes et vous à les lire. J'en suis tout autant désolé que vous, croyez-moi.

Durant ces années d'initiation qu'on a tous vécu en étant pour la plupart complètement à l'ouest, SONATA ARCTICA était l'un des mes groupes préférés. Ça fait un peu bizarre de dire ça en 2020 mais il y a dix ans ça n'était pas du tout la même chose. Évidemment le groupe était "false" pour à peu près toutes les définitions de "true" mais un "false" qui pouvait se regarder en face. Tout le monde n'est pas capable de sortir "Ecliptica" et puis derrière il y avait quand même une carrière qui se tenait. On était pas trop sûr de ce que le groupe faisait avec "Unia" et "The Days Of Grays" mais sur le moment ça ressemblait à quelque chose.

Et puis il a fallu deux sorties pour que je me désintéresse du groupe et que j'aille chercher autre chose : le DVD "Live In Finland" et puis "Stones Grow Her Name", ma première vraie déception musicale.

Ce qui """"sauve"""" cet album ce sont les deux dernières pistes. Deux pistes qu'on qualifiera de Power ou de Progressives faute de mieux alors qu'elles ne sont ni vraiment l'un ni vraiment l'autre. Des chansons médiocres sur tous les points, qui feraient tâche sur les albums précédents mais des chansons qui ont l'immense mérite de ne pas être nulles à chier.

Car pour le reste mon problème fondamental avec cet album n'est pas son côté "passage enfantin atmosphérique et riff qui sort de nulle part pour nous rappeler qu'on écoute du Metal", ni ses chansons "Pop et infâmes" ou "mièvrerie sans nom" ni son ambition de "placer un album de variété internationale dans les bacs d’albums Metal". C'est très bien, tentez des choses, faites votre vie. Mon problème c'est que chaque élément est envoyé avec semble-t-il une résolue ambition d'échouer, une volonté de défaite ridicule, presque une sorte de malveillance.

Je réécoute "Shitload Of Money" là et je suis complètement abasourdi. Je vous prie de croire que malgré le vitriol de mes précédents paragraphes j'avais oublié à quel point cet album était mauvais. Chaque étape de la conception de la piste, depuis le concept général jusqu'à chaque petit détail insignifiant tout semble être minutieusement raté. Toutes les trois secondes il y a un son, une note, un pattern, un choix de mix, un mot, une inflexion : une nouvelle marche sur l'escalier de l'affreux. Je crois que je préfère encore ANAAL NATHRAKH en fait, sur lequel je pouvais mettre ma méchanceté en pilote automatique. On se situe ici je pense au-delà des mots.

Avec le temps vous devez être habitués à me voir détruire des albums très bien notés par le reste de l'équipe (désolé les potos) mais je dois vous dire que la plupart du temps je comprends que vous (les lecteurs, l'équipe) puissiez les aimer, même quand je fais semblant parce que c'est quand même plus rigolo. Ne m'en veuillez pas, il faut bien se montrer un peu cruel de temps en temps pour ne pas s'amollir. Mais cet album me ramène à mes tous débuts quand j'étais complètement à l'ouest et que je ne comprenais absolument rien. Je doute qu'il s'agisse d'une passion pour la beauté des naufrages et pourtant je ne vois aucune autre explication.