Il est toujours de bon ton de clore les périodes de collaboration d’un groupe avec l’un de ses éléments clefs par un album live. "Twilight Dementia" est donc le testament de l’ère ZP Theart au chant pour DRAGONFORCE. Et il est d’une authentique sincérité. Pour un groupe qui a souvent été taxé de jouer une musique déshumanisée, sans âme, d’esbroufe et aussi plastoc que celle d’un jeu vidéo 16 bits, la Multinationale du Power Mélo démontre totalement l’inverse. Et ce, tout au long des morceaux de ce live, captés au cours des diverses dates de la tournée "Ultra Beatdown". Différents enregistrements, donc, que le groupe a toutefois savamment reliés ensemble afin de donner l’apparence d’un concert d’une traite.

Néanmoins, cela n’a rien d’artificiel et le rendu est tout à fait digne d’un concert capté d’une seule traite. Surtout, ce qui fait le sel d’un vrai live est présent. La présence du public, tantôt timoré, tantôt excité, que ZP se charge de titiller à bon escient très fréquemment. La production et le mixage qui ne ressemblent en rien à ce qu’un groupe produit en studio, fort heureusement. Les petites erreurs qui rappellent les musiciens à leur condition d’êtres humains faillibles, et qu’ils assument pleinement et avec dérision. Enfin, la voix souvent limite de ZP Theart, qui prouve qu’il est un excellent chanteur à de nombreuses reprises mais qu’il doit parfois piocher pour atteindre les notes qu’il déploie en studio. Ou pour tenter de les atteindre sans y arriver toujours.

Bref, c’est un groupe en chair et en os, et une musique organique que l’on entend sur ce "Twilight Dementia". Le niveau technique est là, l’interprétation est bonne, le son n’est pas vraiment à la hauteur de ce que le sextet mérite mais c’est le sien et il s’en tire très bien avec. Au moins cet album live n’aura-t-il pas été l’objet de retouches multiples dans le confort d’un studio. Ce qui ne ressemble pas, de toute façon, au caractère des membres de DRAGONFORCE. Car, que tous les critiques prennent note : la Multinationale du Power est un groupe pour qui l’essentiel reste de JOUER. Très vite, très fort, en en faisant parfois des caisses, mais ils restent musiciens avant d’être des businessmen. Et au diable l’infaillibilité.