S'il y a bien un groupe de Hard Rock des seventies qui a magistralement traversé le changement de décennie c'est bien SCORPIONS ! La bande de Hanovre a pourtant connu son lot de remous avec les défections successives d'Ulrich Roth, puis de Michael Schenker, reparti aussi vite qu'il était revenu. "Lovedrive" était une franche réussite et réussissait l'exploit de se hisser dans le trio de tête des réalisations du combo, mélangeant avec autant de bonheur sa facette Hard Rock ("Lovedrive") et celle plus aventureuse qui l'a vu sortir un tube de Reggae Metal ("Is There Anybody There?"). Le millésime 1979 était un album parfait. "Animal Magnetism" en a souffert. Pourquoi ? Parce que malgré des magnificences comme "Lady Starlight" ou "The Zoo", il était des plus inégaux. Cet album-là est coincé entre deux chefs d'œuvre : "Lovedrive" et donc ce "Blackout".

"Blackout" c'est l'archétype de l'album de Hard parfait. Hard Rock jusqu'au bout des ongles, avec ses riffs concis et efficaces pour plaire à un public fidèle et irréductible ("Can't Live Without You"), parfois Heavy ("Dynamite"), en accord avec la montée des MAIDEN et consorts, et subtilement FM avec des mélodies qui tuent, délivrées par l'un des meilleurs interprètes de tous les temps. Et pourtant Don Dokken a presque failli chanter sur cet album, la faute aux cordes vocales rincées de Klaus Meine qui vit ici une renaissance incroyable, éructant un peu moins que par le passé, mais atteignant toujours autant les sommets ("No One Like You", "Now!"), affirmant un chant mélodique qui restera une référence pour la postérité et qui a contribué à faire entrer "Blackout" dans la légende. Et malgré un "China White" plus… bizarre dirons-nous, impossible de ne pas attribuer la note maximale à ce chef d'œuvre que les Scorps parviendront à égaler deux ans plus tard.