Pour ceux et celles qui croient que je suis accroché au Metal moderne sans aucune considération pour les racines de notre musique, eh ben, vous vous enfournez le doigt jusqu'au trognon. Et je vous conseille de vérifier, ça se peut qu'il se rende plus loin encore. Alors le message est passé, surtout pour mes plus grands admirateurs, les « corbeaux » scandinaves de préférence qui me picorent mon jardin. La preuve : j'ai reçu cet EP d'un de mes compatriotes canadiens de Toronto, métropole du pays, Jackie Slaughter, chanteur et guitariste du combo de Heavy Metal rétro, SKULL FIST.

Même si ce genre de Heavy sentant l'humidité et la poussière me fait lever le nez d'habitude, je dois avouer que la fougue et l'innocence du groupe m'a tout de suite plu. Et pas seulement parce que vous savez quoi, parce que Jackie, Ken et Alison (oui, une batteuse dans un groupe de mecs, vous ne rêvez pas !!!) ont un plaisir fou à jouer à « Retour vers le futur ».

"Heavier Than Metal" est un retour aux sources du Heavy, peu après que les bonzes du genre aient jeté les bases de ce qui deviendrait un des styles métalliques les plus populaires. Et avec SKULL FIST, du fun on en a et cela malgré l'absence totale d'éléments épiques ou pompeux et les deux principales tares de cet EP. Une est évidente et commune à tous les jeunes formations : la foutue prod'. Attendez-vous à une facture signée 70's. Pas plus vieux. Enfin, peut-être début 80 si on est généreux. Mais merde, ça a son charme et c'est du Heavy, alors il faut ce qui faut.

Ensuite, la voix de notre ami Jackie est un brin trop criarde. Je veux bien croire que le Glam et des groupes de Heavy comme MERCYFUL FATE ont fait aimer ce genre de cordes vocales au monde entier et que, par un hasard extraordinaire, ça ait pu devenir une mode, mais faut pas pousser pépé dans les hosties (une variation d'une des expressions les plus drôles de votre répertoire, vous les Français de mes deux !). Bref, Jackie se prend les couilles dans un étau et ça fait un peu tache. À part peut-être sur "No False Metal" et son refrain classique qui fera sourire, un peu comme l'ensemble des refrains plutôt enfantins dans certains cas.

Dommage, parce que la musique de SKULL FIST est fichtrement accrocheuse et passe vite. La section rythmique est géniale, tout comme les soli de Ken Neilson, qui joue comme un furibond. Je ne dirai jamais qu'il s'approche des gratteux des pontifes tels que MAIDEN ou JUDAS PRIEST, mais il est la vedette de cet EP à mes yeux. On les sent venir ses soli, les morceaux étant construits pratiquement tous de la même façon, mais il faut avouer qu'il permet aux Canadiens d'offrir une première sortie de qualité. Sur cinq pièces, il dissémine assez de riffs et d'élans martiaux pour faire saigner nos pavillons.

Le tout demeure très loin du nirvana ou du Walhalla (allez voir sur leur Myspace, vous comprendrez), mais l'authenticité et le parfum du passé qui émanent de ce groupe sont tout simplement craquants. Du bon vieux Heavy, n'allez pas chercher midi à quatorze heures. SKULL FIST, c'est l'amour bon enfant d'un style quasiment disparu, dont les années dorées sont depuis longtemps évanouies. Un gros party pour les nostalgiques et les partisans d'une résurgence du Heavy, l' «efficacité made in Metal ».

*Si vous pensez que SKULL FIST se prend au sérieux après avoir regardé la pochette (une scène de destruction du centre-ville de Toronto par un gros alien dégueux), vous faites partie des corbeaux salués dans l'intro…