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BLACK SYMPHONIQUE  |  STUDIO

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DIMMU BORGIR - Enthrone Darkness Triumphant (1997)
Par VOLTHORD le 3 Septembre 2014          Consultée 14120 fois

Les premiers accords de "Mourning Palace", tout de grandiloquence vêtus m’émoustillent le poil, ce cri de démon dément m’émeut. Ce refrain à l’énonciation tout à fait articulée et à s’en déchiqueter les cordes vocales (paradoxal dites-vous ?), accentué au moment d’un long « Screeaaaaaaaams » viscéral me procure toujours d'inégalables frissons moites.
Ce titre résume à lui seul la nouvelle lancée qui a propulsé le Black Metal vers une vision nettement plus riche de lui-même. Riche et, avouons-le, accessible. "In the Nightside Eclipse" avait préservé toute sa violence par l’apport des claviers, "Dusk And Her Embrace" n’avait usé de grandiloquence que de-ci de-là. On passait des funèbres débuts de LIMBONIC ART aux tirades vampiriques des premiers CRADLE OF FILTH. Bref, entre 1995 et 2000, le clavier démocratise le Black autant qu’il lui donne déjà un éventail de possibilités que nombre de formations auront exploité avec talent. Le cas de DIMMU BORGIR qui, après le déchiré quoique largement mélo-dramatisant "Stormblåst", ose alors plus de nuances, plus de variété dans ses claviers, quitte à en faire contre vents et marées la pièce maîtresse de son orchestre.
Il suffit de voir comment les sons d’orgue de "Spellbound" se transforment en un florilège mélodique et légèrement éploré, comme pour adoucir le message prophétique d’un hurleur à la prestance remarquable. Il suffit aussi de voir comment, dans "Entrance", ce son de « clavier de noël » (merci de me faire d’autres propositions si vous avez une meilleure image en tête) se marie avec un charme on ne peut plus kitsch aux « Six Six Six » prononcés par Shagrath comme s’il s’agissait d’un placement produit.

Oui, c’est le début du « Black Metal Variet », était-ce dommageable au genre ? En 2014, est-ce qu’on en a encore quelque chose à foutre de ce débat plus stérile qu’une branlette du dimanche, à l’heure où les labels underground de l’époque sont devenus des majors en puissance et où l'authenticité de certains groupes est devenu un outil marketing comme un autre.

Essayons de replacer cet opus « dans son contexte ». Qu’on lui fasse le reproche ou non, ce déferlement de clavier avait bien peu d’équivalent à son époque, et DIMMU BORGIR restait encore le choix d’un enfer imbus de ses propres mélodies et faisant passer avec douceur des paroles dont la barbarie et le satanisme s’évaluent désormais comme du folklore lambda. Mais cette mystique, elle, reste bel et bien là.
Malgré tout le second degré avec lequel j’aborde aujourd’hui ce disque, jamais "Enthrone Darkness Triumphant" n’a réellement perdu pour moi en crédibilité ni en puissance.

La cavalcade de "In Death’s Embrace" et ses lueurs d’apocalypses laissent toujours un frisson glacial bien que délicieusement sucré. Le blast taillé sur mesure de "Relinquishment Of Spirit And Flesh" fait toujours effet alors même que ce genre d’entrée en scène deviendra une norme un peu lourdingue sur les opus qui suivront.
Et plus que tout, c’est ce virage déchiré et déchaîné qui habite "The Night Masquerade", "Prudence’s Fall" ou encore "A Succubus In Rapture", entre la rédemption et la dépression, qui font d’"Enthrone Darkness Triumphant" un des albums atmosphériques qui m’auront le plus marqué. Une fin d’album qui dans ses derniers moments laisse planer une mélancolie dont la maladresse autant que l’engouement qu’elle provoque demeurent iconiques de cette période.

La force d’un Shagrath démoniaque, imposant et charismatique, et nettement moins monocorde que nombre de ses contemporains n’y est pas pour rien. Même sur "Tormentor Of Christian Souls", qui, autant le dire, fait plus sourire qu’autre chose aujourd’hui, son rire un chouïa forcé sur la fin du morceau préserve un sadisme exquis.

Si nombre de ceux qui auront par la suite radicalisé leurs écoutes dans un style dont le but a toujours été de pousser l’extrême jusqu’à ses confins tout en faisant gage d'un conservatisme ahurissant ont toujours du mal à considérer cet album comme une pierre angulaire, c’est qu’avouons-le, il ne l’est pas vraiment.
J’aurais bien voulu vous vendre cet opus comme culte ou même comme un de ces chefs d’œuvres de l’ère Sympho-Black vaguement kitsch, mais honnêteté oblige, je préfère vous avouer simplement qu’il a été trop longtemps mon disque de chevet pour que je n’envisage pas la note maximale. Certains avaient "Midian" de CRADLE OF FILTH ou "Drachenblut" de MYSTIC CIRCLE, et la raison pour laquelle je ne trouve pas ces deux albums plus exceptionnels et que je leur préfère "Enthrone Darkness Triumphant" est un choix arbitraire.

La fin des années 90 et le début des années 2000 étaient un vivier créatif pour le Black Metal, un genre qui aura finalement continué à grandir et à s’anoblir grâce à une modernité qu’il a toujours, dans un paradoxe édifiant de bon sens autant que de bêtise, rejeté avec mépris. Cet album n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais certainement pas des moindres.

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   (6 chroniques)



- Shagrath (chant, guitare)
- Erkekjetter Silenoz (guitare)
- Nagash (basse)
- Stian Aarstad (claviers, piano)
- Tjodalv (batterie)


1. Mourning Palace
2. Spellbound (by The Devil)
3. In Death's Embrace
4. Relinquishment Of Spirit And Flesh
5. The Night Masquerade
6. Tormentor Of Christian Souls
7. Entrance
8. Master Of Disharmony
9. Prudence's Fall
10. A Succubus In Rapture
11. Raabjorn Speiler Draugheimens Skodde (bonus)



             



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