La Finlande n'est pas le fief du Power Metal le plus reconnu. À part les CELESTY, CAIN'S OFFERING, EXCALION et par extension et extrême générosité, les attaques symphos de NIGHTWISH et les Speedeux de STRATO et SONATA, la majorité des combos demeurent dans l'ombre des Allemands, Suédois, Italiens et Américains. KIUAS quant à lui se promène sur la ligne du Power classique et de l'avalanche symphonique, un mélange qui ne le distingue pas nécessairement du lot mais qui est diablement énergique.

KIUAS est déjà considéré comme la prochaine vedette du genre Heavy/Power/Folk fédérateur finlandais. Son quatrième album, "Lustdriven" saura assurément remplir la tâche de carte d'affaires, voire de plan d'affaires convaincant auprès des fans. En alternant entre le Heavy à l'américaine, les compos basées sympho à la scandinave (pas le choix, hein ?), les tranquillités acoustiques et les accélérations de voltage intenses, les Finlandais vont se tailler un rayon de soleil très bientôt. Si ce n'est déjà fait. Enfin, c'est pas ce look kitsch de gangster gentil à la Justin Timberlake qui nous fera tomber en amour avec eux, mais plutôt un charisme contagieux et une habileté à jongler avec les styles.

À commencer par celui qu'ils maîtrisent le mieux : le Power Sympho. Celui qu'on peut entendre sur le mot de bienvenue "Kiuasssault", "Cry Little Angel" et son refrain rose bonbon qui semble taillé pour les radios, ainsi que "Heart And Will", sympa au maximum.
La pilule passe moins bien sur "Aftermath", où KIUAS s'essaie à la voix virile avec une approche plus lourde et sombre. Les mecs officient mieux en « Metal clair »… Faut pas chausser des souliers trop grands pour rien !

KIUAS est aussi pas mal quand il se la joue plus Metal Sympho et qu'il tente de recréer des ambiances s'approchant des contrées légendaires des pontifes du genre. Si c'est loin d'être réussi, notons "Of Lust, Love and Human Nature" et "The Visionary" (une des meilleures du skeud pour moi), deux exemples permettant de prouver que KIUAS aime s'étendre et surprendre. En ralentissant le tempo, ils ont ainsi l'espace nécessaire pour étaler leur indéniable penchant pour la musique « classique » (ce terme étant ici galvaudé, violé et laissé nu dans une forêt en attente du procès de son agresseur, qui mourra d'une injection intraveineuse bien méritée). Aussi peut-on saisir quelques soli à la volée ; ils sont plutôt rares, alors soyez attentif !

L'album se termine de façon bien molle, si on le compare au début. "The Quickening" (j'aime bien), "Summer's End" (le frère jumeau de la sirupeuse "Lights Are Many") et "Winter's Sting", ne font pas pencher beaucoup l'aiguille… Je déteste ce choix et le remarque à chaque fois qu'un groupe désire en mettre plein la vue dès le départ, en oubliant qu'une tracklist efficiente doit être bien balancée. Je considère ça comme une gaffe et non un manque de jus-gement. Les musiciens ne sont pas des joueurs de football et un disque n'est pas un match, alors la galette doit être bonne des côtés jusqu'au centre. Sinon, on reste sur notre faim.

La vérité et le constat final sont, qu'effectivement, KIUAS s'éparpille tellement qu'il oublie le béton dans la benne. Le fossé est passablement trop creux entre les gifles rapides et les mistrals « je t'aime, embrasse-moi » de l'album. À côté de ça, les démonstrations symphos du groupe sont presque ridicules, hiérarchiquement parlant.

Je vous dis, des morceaux comme "The Visionary" auraient intérêt à se pointer le museau plus souvent dans le futur, car KIUAS va finir comme STRATO et ses bouts de pain jamais ramassés. S'ensuivit l'égarement… de qualité, mais égarement tout de même !

Démarche artistique brouillonne : 2/5.
Contenu : 3/5
Note : 2,5/5.