Quand DEF LEPPARD revient en 1996, les temps ont beaucoup changé. Si "Adrenalize" était déjà finalement assez passéiste en 1992, sortir un album dans cette lignée quatre ans plus tard aurait été aussi bien un suicide artistique que commercial. "Slang", lui, semble privilégier cette seconde option tant il navigue aux antipodes de ce à quoi les Léopards Sourds nous avaient habitués. On peut parler de maturité, on peut surtout constater que les musiciens n’ont pas encore tout dit.

Vivian Campbell bien intégré, c’est une formation qui revient sur des principes plus Heavy qui fait étalage de son talent sur un disque très contrasté. Déjà quel son ! Mutt Lange n’est plus aux commandes, mais le groupe, aidé par Pete Woodroffe, se glisse parfaitement dans cette décennie bien moins axée sur l’entertainment que la précédente et le LEP’ va devenir plus organique et par ce biais, plus puissant. Un signe qui ne trompe pas, c’est cette batterie colossale. Rick Allen est revenu sur un kit acoustique et quel plaisir de l’entendre ici !

Oh, bien sûr, il y a des ballades. Peut-être un peu trop même si je dois bien avouer que les contours Jazzy de "Breathe A Sigh" ne me déplaisent pas. Mais souvent, elles semblent bien… je ne dirai pas proprette même si cela pourrait convenir, mais plutôt naïves. Ce n’est pas le point fort de DEF LEPPARD ici, on appréciera plutôt le groupe sur les passages les plus rentre-dedans (toutes proportions gardées. Ce n’est ni "On Through The Night" ni "High’N’Dry"), où les fans de la première heure peuvent s’y retrouver.

C’est dense, peut-être parfois trop fourni en bidouillages, certainement trop hétéroclite, mais ce disque possède un capital sympathie indéniable. Plus sombre, moins « canon », plus intéressant en termes d’écriture, il propose un visage du LEP’ que l’on pensait perdu sous les succès de "Pyromania", "Hysteria" et tout de même, de "Adrenalize". Il sonne plus sincère, plus franc du collier, moins (excusez-moi l’expression) cul-cul-la-praline.

Bon, l’histoire veut qu’en termes de vente, "Slang" ait été un échec. Comprenez par là qu’il a biiiiiien moins vendu que son grand frère. Et parlons pas de la comparaison avec "Hysteria", ça filerait une crise d’angoisse à un comptable. "Slang" est complètement à part dans la discographie de DEF LEPPARD, mais cela ne veut pas dire qu’il faille l’ignorer, bien au contraire. Quand il est sorti, il m’a réconcilié avec un groupe dont je n’appréciais pas le virage trop FM et synthétique abordé au milieu des années 80. Il figure parmi mes préférés du groupe, un de ceux qui tourne le plus souvent.

PS : mon édition comprend un disque bonus proposant des versions acoustiques de certains titres dont "Armageddon It" ou "When Love & Hate Collide". Pas indispensable, mais très sympa.