C'est dingue comme cet album souffre des préjugés liés aux deux dernières sorties des Teutons. Qu'on ait aimé "Land of The Free II" ou "Majestic", peu importe, ce disque sonne le réveil créatif du groupe !

En effet, non contents de s'être accordés un demi ton plus grave (ce qui doit bien arranger Kai au niveau vocal), Les Rays se sont surpassés niveau écriture, et surtout ont laissé place à des nouvelles (anciennes) influences élargissant leur panel stylistique devenu étroit depuis déjà "Somewhere Out In Space" (ils ont quand même aligné deux chefs d’œuvre dans ce style). Ainsi on retrouve un esprit qui les animait sur "Insanity & Genius" par exemple et les morceaux font preuve d'une variété qui donne un sacré dynamisme à l'album à commencer par ce "Empathy" heavy aux lignes de chant particulièrement agressives et ses rythmiques presque Thrash (entrevues sur "Majestic"), le tout bien ficelé avec un refrain entêtant et presque disco (si si !).

Suit ensuite "All You Need To Know" qui nous montre un GAMMA RAY plus classique mais en grande forme nous pondant un Power Happy bien Speed (Dan Zimmermann fait preuve d'une rare variété dans son jeu, ce qui est fort appréciable même si ce titre nous démontre qu'il reste le roi de la double grosse caisse). Rehaussé par la voix du grand Michi Kiske, ce titre nous renvoie bien des années en arrière tout en sonnant malgré tout assez actuel.

"Time To Live" est un mid-tempo pur Kai Hansen écrit par... Henjo Richter, doté d'excellents soli, ce morceau fédérateur fait preuve d'un positivisme purement GAMMA RAY tout en gardant une forme de mélancolie. Intéressant et plus léger que les deux précédentes. "Rise" et "Wanabees" nous montrent les extrêmes de l'écriture Zimmermann avec un premier très "PowerPlant" garni de chœurs et un "Wanabees" complètement barré ! "Mother Angel" se distingue par son riff hard typique 80s, le genre qui fait taper du pied, son chant sautillant et sa sonorité Pop garnie de très beaux arrangements de chœurs et de claviers.

Claviers qui se font discrets mais efficaces tout au long de l'album. Un morceau comme "Deadlands", speed en diable et presque Thrash (quel riff !) fait parler la poudre et ne s'encombre pas d'arrangements superflus ; il va droit à l'essentiel. À l'inverse, "Chasing Shadows" c'est de la haute voltige guitaristique laissant Henjo briller de mille feux.

Cet album est aussi le grand retour de Dirk Shlächter aux compos. Discret sur "Land Of The Free II" où il avait écrit l'excellent mais très décrié "Opportunity" ; il signe deux compos exceptionnelles... Mais pas pour les mêmes raisons. Si "Shine Forever" brille justement de mille feux grâce aux prouesses vocales et musicales de Kai Hansen ainsi que ses jolis leads de basse (s'il y a bien un groupe de Power où la basse est mise en valeur c'est bien GAMMA RAY) ainsi qu'une structure atypique, "No Need To Cry" est dans un autre registre. On retrouve ici les ballades, exercice que les Allemands avaient un peu laissé de côté depuis un "Lake Of Tears" d'excellente facture. Et celle-ci dotée d'arrangements particulièrement épurés mais enveloppants est une grosse réussite. Le chant de Kai s'y fait tantôt grave et triste ou aigu et positif avec un special guest au chant qui n'est autre que... Dirk lui-même. Le compositeur se lance dans une sorte de mini-opéra accompagné par une guitare acoustique et des chœurs on ne peut plus QUEENesques avant de déboucher sur un très beau solo mais un peu téléphoné tout de même.

GAMMA RAY démontre qu'il tient une sacrée forme et que sa foi en la musique Metal n'est prête de s'éteindre, en témoigne ce "To The Metal!" très fédérateur et lui aussi inhabituel dans sa construction pour les Rays. Bravo les gars, gardez ce cap là il me convient mieux que l'approche monolithique d'un "Powerplant" ou d'un "Land Of The Free II". Et il constitue dans les faits le successeur qu'aurait dû avoir "No World Order!".