Cela fait maintenant 15 ans qu'on attend le miracle, c'est-à-dire répéter l'exploit de "Demanufacture", le meilleur album de cyber Thrash de l'histoire. Les fans n'ont jamais cessé d'espérer, même malgré les bouses que sont "Remanufacture" et "Digimortal", signe que les Américains étaient peut-être eux-mêmes dépassés par le succès de leur bombe.

FF a quand même offert d'excellents albums depuis, dont "Obsolete", "Archetype" et mon préféré, "Transgression". Restait à voir si l'impensable pouvait se produire en ce début de 2010 avec ces remaniements de line-up, ma foi, fort impressionnants. En ajoutant Hoglan dans son arsenal empoisonné et en accueillant de nouveau Dino Cazares (quoi !!??), le groupe n'a jamais possédé autant de munitions, même si les deux ont connu de meilleurs jours. Mais, leur talent est toujours aussi incisif, donc il était permis d'espérer du meilleur, pas du pire.

Le but premier était d'offrir des titres catchy et coupants comme sur "Obsolete", "Archetype" et "Transgression", trois efficaces déflagrations à mon sens, trois excellentes manières de dépenser ses deniers intelligemment. Rien de moins, sinon c'est raté. Et pourquoi ne pas mentionner "Demanufacture" dans cette liste ? Car "Mechanize" ne s'en approche que très rarement; il faut se rendre à l'évidence, l'opus suprême est emprisonné dans un sas doré, pas moyen de le libérer. Et cela même si cette livraison de FF est d'une indéniable qualité. Techniquement, évidemment, mais aussi grâce à une brochette de compositions recherchées, puissantes, qui sentent le passé. Oh oui, les émanations vieilles rajeunissent l'accroc qui n'y croyait plus.

La collection de perles acérée est imposante : la pièce-titre, "Powershifter" (mon "Edgecrusher" sur cet album), l'excellente "Oxidizer" (merde, ce refrain, ça fout les jetons !), "Christploitation" et sa trame inquiétante et j'en passe… Dommage que les Américains aient raté quelque peu leur sortie à partir de la plage 8, "Designing The Enemy", jusqu'à la mièvre "Final Exit". C'est ce qui s'appelle finir en queue de poisson… Et ça coûtera cher à FF.

"Mechanize" est un clone du trio cité plus haut : Burton C. Bell alterne autant ses deux timbres, alors ne vous en faites pas, on reconnaît la gratte de cinglé de Cazares, celle qui avait foutu autant de décharges sur "Obsolete", Hoglan et Strout s'occupent des explosions comme des pros. FF joue du FF. Et pas qu'un peu. Ça déboule à pleins tubes, à pleins refrains, à pleines ambiances froides comme l'acier. Et on nage encore dans le « fuck the world moderne man, on est tous des robots pathétiques et asservis par la peur. » Encore plus que sur "Transgression". Il est juste terriblement décevant que la bande à Burton ait choisi ce triptyque pour achever la besogne… ouf.

Verdict : 3,5/5 (et dire que ça s'annonçait pour être beaucoup mieux…).