La pochette est vraiment chouette. Elle illustre à merveille le titre de ce Live, le premier de MEGADETH. Bon, après, ce n’est pas non plus un chef d’œuvre, mais elle est parlante : on s’en souvient assez aisément, même si le nom du groupe n’apparaît pas dessus.

Et donc, "Rude Awakening" est le premier témoignage de ce que peut donner la formation sur scène à finir sur nos étagères, en faisant un détour sur nos platines juste avant. Mais voilà, il sort peut-être bien un peu trop tard. Bon, pour illustrer le propos, quand on demande quel est le line-up le plus marquant de MEGADETH, vous ne devez pas être très nombreux à citer celle avec Al Pitrelli et Jimmy Degrasso. Les noms qui ressortiront certainement le plus devraient être Marty Friedman et Nick Menza, même si je vous avoue que Gar Samuelson et Chris Poland sont mes chouchous parmi les exécutants sous les ordres de Megadave.

Et forcément, la setlist va contenir des ratés. Ce Live sort dans la foulée de "The World Needs A Hero", un album qui aura divisé les fans. Mustaine veut revenir à une formule plus radicale et certains vieux morceaux vont subir un lifting forcé qui ne leur sied pas forcément. L’agressivité exagérée de "Reckoning Day" fait par exemple grincer des dents tandis que "Trust" va s’avérer être sans saveur. L’asticot sur le cadavre revient à "Train Of Consequences", totalement massacré par un groupe qui exécute plus qu’il ne donne vie ici.

Sur le premier disque, la formation américaine va vraiment battre le chaud et le froid. Les titres tirés des cinq premiers opus passent plutôt bien parce qu’ils ont été composés dans une idée d’agression naturelle. Cela s’entend parfaitement sur "Wake Up Dead" ou "Hangar 18". Couplé avec "Return To Hangar", la comparaison fait mal à cette dernière. La suite de 2001 fait pâle figure face à l’originale… Autres petites déceptions, "Angry Again" tombe un peu à plat après "In My Darkest Hour" et "Kill The King" n’apporte rien à l’ensemble. Ou comment faire la promo d’une compile et d’un album en même temps…

Le deuxième disque va s’avérer plus réussi. La triplette finale ne fait aucun prisonnier : l’enchaînement "Symphony Of Destruction"/"Peace Sells"/"Holy Wars" est tout simplement irrésistible. Trois tueries enchaînées de la sorte, cela ne se refuse pas, même quand on se croit blasé de tout. Cela sauve complètement l’honneur de ce double-Live qui est loin de montrer un groupe conquérant. Mustaine n’est pas toujours juste, il enclenche de temps en temps le pilotage automatique et laisse couler, sans génie, sans surprises, face à un public qui semble être étonnamment absent.

Bref, "Rude Awakening" ne rentrera jamais dans le cercle très privé des Lives essentiels du Thrash. Ce n’est ni un "Live Shit", ni un "Decade Of Agression". La faute à une espèce de laxisme du père Mustaine, une façon de se reposer sur ses lauriers de façon tout à fait détestable. MEGADETH est sa chose, mais si le capitaine de soirée ne va pas bien, c’est la glissière de sécurité assurée. Ici, nous n’en sommes pas loin et ce qui s’ensuivra va être tout simplement dantesque, dans le plus mauvais sens du terme.