Il est toujours difficile pour un groupe de donner un successeur à un album à la qualité reconnue de tous. Par exemple, tout le monde connaît les difficultés qu'a rencontrées HELLOWEEN après les "Keepers". Cependant, RUNNING WILD semble relever le défi avec ce "Blazon Stone".

C'est pourtant avec cet album qu'apparaissent certains éléments prémonitoires des futurs errements du groupe. En effet, le line-up est de nouveau chancelant, avec l'arrivée d'un batteur qui ne tiendra qu'un album ; et Majk Moti s'en est allé aussi, laissant la place à un Alex Morgan qui ne restera que le temps de deux réalisations. La production est elle toujours de qualité, mais on sent au travers de celle-ci un début de melonite aiguë de la part de Rock'N'Rolf, qui met nettement en avant sa guitare et ses lignes de chant. Enfin, musicalement l'album fait preuve d'une certaine stagnation artistique, ce qui lui sera grandement reproché par la suite (le fameux syndrome AC/DC).

Cependant, "Blazon Stone" n'est pas un simple copier/coller de "Death Or Glory". Un chouilla moins varié, plus accès sur la vitesse d'exécution au détriment du sentiment épique, une certaine linéarité se fait sentir. Mais RUNNING WILD sait toujours se montrer rudement efficace, et c'est bien là l'important, surtout quand les mélodies de qualités sont au rendez-vous : "Blazon Stone" en premier lieu, mais aussi "Head Or Tails" et son refrain transformant ce titre en un classique évident. On notera aussi le travail excellent du bassiste Jens Becker, auteur du très bon "Rolling Wheels" et avec "Over The Rainbow" d'un nouvel instrumental de courte durée, mais toujours aussi original. D'ailleurs, un certain Joey Demaio aurait dû prendre des cours auprès de lui pour rendre ses instrus de basse intéressants...

Clairement un ton en dessous de "Death Or Glory" et moins enthousiasmant que "Port Royal", RUNNING WILD n'en continue pas moins de se montrer très convaincant avec ce "Blazon Stone" à l'intensité ravageuse.