C'est en pratiquant mon exercice hebdomadaire de lévitation de cailloux avec maître Yoda, que j'entrepris de lui parler de la force du slam et de son pouvoir magnétique qu'il exerce sur moi. Je lui fit écouter le premier CD de PUS VOMIT. Quand l'écoute fut terminée, mon maître se retrouva perché sur quelque chose de dur qui sorti de sous sa combinaison de Jedi.


"Écouter du slam, tu dois, oui !"

Le slam, c'est comme le cinéma: vous en avez de toutes les couleurs et de toutes les formes. De l'américain, du japonais et même du philippin. La mouvance slam est aussi contagieuse que la grippe porcine de notre temps. Les symptômes sont bien pires ; on mute vocalement, notre ventre émet des sons caverneux et liquide. Comme une troupe de goules nécrophiles sortie du monde de Romero, on se nourrit alors de chairs humaines et on éventre tout ce que l'on trouve, particulièrement de jeunes et fraîches victimes du sexe opposé, sous un flot d'hémoglobine. Tout est dit.

Tout comme les autres nations du monde, les Philippines possèdent leur lot de combos extrême et brutaux. Les gars de PUS VOMIT ont partagé l'affiche avec HUMAN MASTICATION (autre combo tout aussi brutal) ainsi que les terrifiants DOWN FROM THE WOUND (excellent au passage). L'inspiration reste US, bien naturellement. Des noms tels que LIVIDITY et DEVOURMENT reviennent assez souvent. Ils affichent un goût pour la violence sexuelle avec une forme de cynisme basique ("She Died a Virgin") et couplé à des sévices tout aussi répugnants ("Dismembered Virgin Limbs"). PUS VOMIT a trouvé sa voie et il ne va pas se priver d'ultra brutalité pour nous le montrer. Et ce n'est pas l'art furieux de Mike Majewski qui décore le tout, qui me prouvera le contraire.

Depuis quatre ans, ce groupe sans prétention affirme sa volonté de battre le fer quand il est chaud. Suite à plusieurs essais (et autres participations), Marco, Ryan et Louie rentrent en studio en septembre 2008 et enregistrent les dix titres de "Degrade The Worthless", leur tout premier album sortit très récemment. Il représente le fruit d'une forte motivation et d'un long chemin parcouru. Appliquant comme un bon élève le dogme du slam, le trio endiablé se met en quête de faire comme aux States, c'est à dire en jouant "à la Texane" principalement et en abordant la thématique ultra-violente de leurs groupes préférés. Comme de fiers artisans, PUS VOMIT nous administre de bons coups de reins, là où il faut et efface rapidement notre rictus des premiers instants.


"Tout en démesure, ici, sont les Philippins !"

Ceci vient des Philippines, certes, mais ça déboîte comme les autres. Le son est correct, rond et gras, assez clarifié dans son ensemble. La puissance du débat nous étonne puis nous charme. La machine à laver réglée en position "essorage", fait un carnage : c'est ultra violent et les slam parts sont des plus véloces. Les cris de la bête sont percutants. Ça mâchouille copieusement sous une pluie de blast, de riffs tranchants, qui atteignent à plusieurs reprises la pesanteur désirée dans le genre ("Soaked in Her Own Blood"). Nos gars connaissent la formule qui consiste à nous faire jubiler en moins de trois minutes, la plupart du temps. Cette violence viscérale nous insuffle le coup de bambou voulu et c'est un bon point.


"Point d'originalité, mon garçon, ici, tu trouveras !"

Le slam a une identité musicale. Celle qui apporte avant tout le plaisir coupable de remuer les cervicales et en se foutant du reste. Encore et toujours, certains trouveront ce débat stérile et bien maussade en comparaison du niveau des pointures rutilantes du marché US et ils auront bien raison. La formule du joyeux trio est honnête (un minimum technique et bien produite) mais pas transcendante (dont une certaine redondance assumée). Néanmoins, le disque regorge de bons moments qui nous offrent au final, un bon produit du genre. On sent de la bonne volonté là dedans, à défaut de charisme. Donc rien d'exceptionnel mais c'est tout même recommandable, n'est ce pas maître Yoda ?

"Avec PUS VOMIT, la trique, tu auras, oui !"
Merci maître.