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BLACK METAL  |  STUDIO

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2022 Satyricon & Munch

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SATYRICON - The Age Of Nero (2008)
Par FIGHTFIREWITHFIRE le 5 Janvier 2009          Consultée 14134 fois

A une époque où les pionniers du thrash ou du heavy opèrent un retour aux sources salvateur et bénéficient d’un effet revival retentissant en puisant dans la recette qui les a conduit à leur apogée, il semble que les principaux artisans du black métal européen aient quant à eux choisi une voix strictement opposée en misant au contraire à fond sur l’évolution, chacun à leur manière.
Tandis que MAYHEM achève un cycle d’expérimentations diverses après entre autres quelques fricotages avec l’électro, DARKTHRONE revendique haut et fort son attachement au punk estampillé "fuck off" et délaisse sa trousse de maquillage pour une attitude plus nature…

Du côté de SATYRICON cette question est également cruciale depuis déjà près de dix ans et le très surprenant "Rebel Extravanganza", un album novateur mais très difficile d’accès. Mais surtout depuis que le duo norvégien a opté pour une touche bien plus accrocheuse, basée sur des refrains directs et un côté rock n’roll de plus en plus marqué…

La haine, la crasse et la peur semblaient avoir laissé place à un black métal moderne fédérateur et lisse idéal pour se défouler en concert, un comble !
Ainsi si "Now Diabolical" a joui d’un large succès mondial, force est de constater que la flamme mystique qui faisait la particularité des norvégiens s’est largement altérée, ce qui a définitivement fait basculer le groupe dans une nouvelle ère sous les cris et les pleurs de fans de la première heure, scandalisés.

Mais si Satyr Wongraven ressemble de plus en plus à une rock star avec ses cheveux gominés et ses santiags, celui-ci semble avoir tenu à prouver qu’il n’a pas perdu de la légendaire misanthropie qui lui a permis d’accoucher de bijoux du genre et que la noirceur coule encore dans ses veines.

C’est là l’enseignement principal de "The Age Of Nero", album infiniment plus dense, pesant et brumeux que son prédécesseur.
Car les sentiments malsains et sombres du black metal ne se résument pas à une production dégueulasse et des cris de gorets, cette magie passe avant tout par le talent et la sincère aversion pour l’humanité qui se dégage de l’être qui en est le géniteur, peu importe l’enveloppe dans laquelle toute sa haine est crachée.
Alors bien sûr les passionnés de musique crade et rageuse qui avaient crié à la trahison ne seront que peu convaincus par l’ensemble, mais ils trouveront néanmoins matière à se rassurer avec une sortie qui est indéniablement la plus imprégnée de suie depuis "Rebel Extravanganza".

Si la première écoute peut laisser un certain sentiment d’indigestion voire d’ennui face à des titres très lourds et répétitifs, la principale force de SATYRICON opère irrémédiablement : une certaine magie obscure qui pénètre l’auditeur et crée en lui une forme d’addiction qui le pousse ensuite à ressentir une forte envie de se replonger dans son œuvre, encore et encore, avec le sentiment que quelque chose qui le dépasse reste à déceler.
C’est le cas de cet album grandiose.

Et une fois qu’une chance lui aura été laissée, celui-ci s’introduira vicieusement dans l’esprit, révélant écoute après écoute l’incroyable richesse de ces morceaux qui transpirent l’essence de ce qui a fait la grandeur du black metal originel : malgré une production extrêmement léchée et un côté rock persistant, "The Age Of Nero" est bien un véritable recueil de titres noirs dont l’esprit et les ambiances glaciales évoquent la plupart du temps l’âge d’or du black death du début des années 90 .

La conclusion tranchante de "Die By My Hand", hypnotique, et des titres comme "The Sign Of The Trident" par exemple forceront le respect des plus exigeants, tandis que les arrangement subtils et l'utilisation habile de chœurs et de cuivres viendront sublimer les ambiances froides et écrasantes de compositions comme "Den Siste", titre intégralement écrit dans la langue natale de ses géniteurs et tout simplement envoûtant à l’image de l’ensemble du disque.

On sent à chaque seconde la minutie avec laquelle le combo s’est penché sur la composition et le résultat sonore de son œuvre sans jamais verser dans le superflu, ne laissant rien au hasard et parsemant le voyage de modulations vocales et d’effets percutants pour un résultat tout simplement époustouflant.
Ainsi la production, loin d’être aseptisée malgré son côté très soigné, vient renforcer l’atmosphère générale et c’est d’autant plus marquant sur les passages instrumentaux et les breaks, eux même extrêmement réussis.
C’est là qu’intervient l’autre qualité majeure des deux compères : une propension à parvenir avec quelques notes à des sensations musicales dont des groupes dépositaires d’une débauche technique hallucinante n’approcheront jamais l’intensité et la puissance émotive exceptionnelles.
Et d’un point de vue purement technique, justement, on soulignera la prestation toujours excellente de Frost derrière sa batterie. Avec ses quatre bras et son coup de double pédale assuré, celui-ci apporte une touche caractéristique qui est pour beaucoup dans l’ambiance générale évoquant un certain retour aux fondamentaux du genre.

Du côté des textes et du propos général de l’album, si les intéressés avouent n’avoir rien eu à foutre de l’impact du nom choisi pour leur formation à l’époque, ils reconnaissent aujourd’hui se retrouver à merveille dans l’atmosphère de l’ouvrage de Pétrone duquel le côté le plus grandiloquent et vicieux de l’humanité transparaît dans toute sa démesure.

Et cette grandiloquence teintée de sentiments haineux parcoure la totalité d’une œuvre tout simplement géniale, rappelant avec force que SATYRICON n’a pas évaporé l’aura mystique qui l’anime depuis ses débuts et reste bel et bien, malgré une approche plus propre de son expression musicale, l’un des plus grands représentants de l’art noir européen.

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   (6 chroniques)



- Satyr (chant, basse, claviers)
- Frost (batterie)


1. Commando
2. The Wolfpack
3. Black Crow On A Tombstone
4. Die By My Hand
5. My Skin Is Cold
6. The Sign Of The Trident
7. Last Man Standing
8. Den Siste



             



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