Si même les groupes enterrés depuis 6000 ans sous les fondations du cimetière reviennent s'aérer les poumons le temps d'une petite reformation, on peut dire que la musique moderne est en très mauvaise santé. Mais trêve de bouderie, WITCHFINDER GENERAL, le plus connu des groupes de doom qui n'ont jamais joué de doom, revient nous faire coucou, jetons-lui un petit signe de main en guise d'accueil et observons la constitution de son nouvel étal.

Rien de bien nouveau à vrai dire, on sent que le grenier a été fouillé dans ses coins et recoins. On retrouve là quelques objets déjà proposés à la vente au début des années 80, quand le groupe faisait sensation en faisant poser Joanne Latham, modèle à l'érotisme plantureux 100% britannique et plutôt connu de son temps, dans un cimetière sans la permission du révérend du coin et les arguments bien à l'air. Il y a aussi un peu de changement, encore heureux 25 ans après. Un peu de changement et du dommageable puisque la pochette du disque préfère un minimalisme doom (une vilaine tricherie) tout à fait banal aux afflux sanguins de "Death Penalty" mais aussi "Friends Of Hell". Rien de très important cela dit. Le nouveau chanteur, voilà une nouvelle plus essentielle.

Un nouveau chanteur volontaire et rugueux, plus foncièrement hard que heavy, plus instantanément rock que metal, au timbre impossible à comparer avec celui de Zeeb Parkes. Un soupçon de modernité, aucun clin d'œil visible à Ozzy, un caractère malheureusement bien mou qui limite parfois le groupe dans ses constructions, qui lui fait perdre une grande partie du charme mignonnet grâce auquel il pouvait pavaner dans les années 80. Gary Martin déçoit, un peu. Volonté contraire, la guitare se ressource de ci de là dans l'auge du grand SABBATH. A tel point que le terme plagiat illumine l'audition à chaque fois que le quatuor éteint les lumières ("Final Justice"). Plus encore, cette politique met sérieusement en question l'intérêt d'un come-back qui ne fera trembler personne.

WITCHFINDER GENERAL a changé mais sonne toujours aussi vieux. Et quand il cherche à se rajeunir, comme sur ce premier riff qui ne va nulle part de "Euthanasia", il termine dans un cul-de-sac. Pas sûr qu'il régale ses anciens adeptes, évident qu'il laissera froid les plus jeunes. Et comme on est bien obligé de faire avec ce qu'on a, on fera avec ce disque comme à la plage durant nos vacances d'été quand la marée descend, on se baissera pour arracher quelques moules de la pierre. La récolte n'aura pas été miraculeuse et on ne s'attardera avec envie que sur un seul titre, "Bryn-Y-Mor", comptine instrumentale celte ou médiévale, un retour vers les 70's qui tient chaud, une parenthèse bien agréable au milieu d'une galette dont j'ai simplement l'impression qu'elle tombe mal et qu'elle ne recueillera que peu de suffrages. WITCHFINDER GENERAL a trop laissé tomber de son passé, WITCHFINDER GENERAL porte un baluchon du présent presque vide, WICHFINDER GENERAL ne montre aucun sincère désir d'avenir, WITCHFINDER GENERAL va repartir comme il est venu, on va lui jeter un petit signe de main en guise d'au revoir et on va gentiment l'oublier.