Il y a une chose qu'on ne pourra pas reprocher à SECRET SPHERE, c'est sa capacité à se remettre en question et à apprendre de ses erreurs. Car après des débuts prometteurs, la formation italienne n'a pas su transformer l'essai et confirmer les espoirs que Nuclear Blast fondait. Ainsi, c'est dans une plus petite écurie que sortira le successeur de "Heart And Anger". Pour autant les moyens seront tout de même là puisque c'est Piet Sielck qui dirige et que chez lui ça doit sonner gros (allemand quoi), et la production est mise entre les mains d'Achim Köhler, responsable des productions charnues d'AMON AMARTH ou encore BRAINSTORM.

Comment le Power Symphonique à tendance Prog de SECRET SPHERE va-t-il s'accommoder de cette approche a priori plus efficace mais moins raffinée du son ? Et bien plutôt bien en fait, car ce cinquième album va, malgré sa pochette particulièrement foirée, s'avérer être l'un des meilleurs SECRET SPHERE, prenant fièrement place derrière "A Time Never Come" et rappelant avec le recul le récent "Lifeblood" qui a vu le groupe retrouver son vocaliste, après une décennie loin de ses camarades.

Depuis le premier titre "Stranger In Black", le puissant et progressif "From A Dream To A Nightmare" en trompe-l'œil avec son introduction entièrement orchestrale, l'hymne absolu "Bring On", classique mais ultra efficace avec son riff rehaussé d'harmoniques artificielles d'Aldo Lonobile et Paco Giantotti (dont c'est le dernier album avec SECRET SPHERE). Il y a aussi le plus mid-tempo "Welcome To The Circus" qui fonctionne à mort, et qui arrangé différemment aurait été un pur tube Hard FM. On pourrait aussi évoquer le morceau-titre "Sweet Blood Theory" avec ce travail sophistiqué de Ramon Messina dont le chant s'est nettement amélioré en trois ans. Il possède toujours ce timbre unique, mais il a entretemps arrêté de couiner, signe d'une maturité qui fait sacrément plaisir à entendre. La rythmique s'y fait moderne et le refrain à la fois délicat et ultra efficace dans une tradition toute SECRET SPHERE-ienne.

Certes tout n'est pas parfait (la power-ballade "The Butterfly Dance", n'est pas au niveau et rappelle les lourdeurs de "Scent Of Human Desire", et la première moitié de "Sweet Blood Theory" semble assez supérieure à la seconde), mais ce cinquième album est un vrai bonheur à écouter, et je crois que je l'apprécie encore plus treize ans plus tard qu'au moment où il est sorti, à une période où je me tournais davantage vers le Metal Prog. C'est peut-être le moment de redécouvrir le dernier très bon SECRET SPHERE avant un bon moment.