Si "Slang" aura été un pas en avant d’un point de vue stylistique, "Euphoria" en est deux, voire trois en arrière. L’échec commercial de son aîné aura vite refroidi les ardeurs des musiciens qui reviennent à un style plus proche de leurs gros blockbusters du milieu des années 80 et du début des années 90. Rien que le titre de l’album, en "–ia", est un indice en soi. Pete Woodroffe est toujours à la production et le fait est qu’il peine à passer à côté des productions hyper calibrées de Mutt Lange ! ça se veut clinquant, mais ça ne l’est pas tant.

Puisque l’on parle de Lange… Ce dernier est co-crédité sur "It’s Only Love", qui mérite un carton rouge. Pas d’avertissement, c’est un véritable tacle par derrière cette chanson, avec des gimmicks d’un autre temps qui n’ont plus lieu d’être en 1999 (seigneur, cette introduction ! J’espère que Joe a honte de lui, surtout qu’il n’est pas franchement impérial sur ce disque). D’ailleurs les ballades sont assez catastrophiques ici tant elles sont niaises et, quelque part, totalement dépassées dans l’écriture (et assez vides d’émotions).

Autre carton, mais jaune cette fois-ci : "Promises". Ben tiens, y a encore Lange à la composition ! Le titre est plutôt pas mal en soi même s’il peut en crisper certains de par son côté très mielleux, mais ce fade-out final, qui vient d’un autre temps, est assez saoulant à la longue. Il y avait certainement une façon moins datée de terminer cette chanson. Après, la distribution des cartons pourrait continuer, mais ce serait tirer sur l’ambulance au bout d’un moment ("Paper Girl" qui frise l’auto-plagiat).

Déjà, il y a clairement un problème quand le meilleur morceau de l’album est un instrumental. Ensuite, il y en a un autre quand seuls deux titres et demi parviennent à quasiment se hisser à sa hauteur ("Demolition Man", "Kings Of Oblivion" et dans une moindre mesure "21st Century Sha La La La Girl"). Là, nous sommes pratiquement dans l’excellence, il y a une certaine magie et une envie d’y croire, mais le reste navigue entre le moyen et le médiocre ; certes, cela permet à ces perles de briller, mais au final la récolte se veut bien faible…

"Euphoria" est un disque qui se veut opportuniste, mais qui n’est que passéiste. Sans aller à affirmer que les mecs de DEF LEPPARD sont de grosses putes sur le retour (ça, on va le réserver pour l’album suivant), on peut commencer à franchement douter de leur intégrité si cela n’était déjà fait. En attendant, "Euphoria" peine à se hisser au niveau d’un "Adrenalize", "Hysteria" est encore loin devant et ne parlons pas de "Pyromania". Vous les voyez venir les vaches maigres ?


Note réelle : 1,5/5.